GARY LOURIS – Jump For Joy

Sham / Thirty Tigers
Pop
GARY LOURIS - Jump For Joy

35 ans après avoir fondé les Jayhawks avec Mark Olson (et avoir enregistré onze albums studio au sein de cette formation), Gary Louris n’en entretient pas moins une carrière parallèle, que ce soit au sein des collectifs Golden Smog et Au Pair, ou encore en solo. Il n’empêche que cette dernière veine ne fut jamais la plus prolifique, puisque hormis deux albums jumeaux parus en 2008 (“Vagabonds” et “Acoustic Vagabonds”), voici seulement sa troisième production en solitaire. Contrairement à ce que pourrait indiquer le “Almost Home” d’ouverture, cet album est non seulement l’œuvre du seul Louris, mais il fut entièrement réalisé à la maison, dans son home-studio. Le blend entre l’écriture pop de Gary et les sons numériques y saute d’emblée aux tympans, mais le George Harrisonesque “Living In Between” (solo de slide guitar languissante inclu) tempère vite cette impression. Pianiste dans son adolescence, Gary Louris y tapote encore avec suffisamment d’aplomb pour donner le change, tout en doublant ses parties vocales, dans l’esprit du fameux “All Things Must Pass” qu’évoque aussi le languide “Dead Man’s Burden” conclusif (Spector en moins). Plus ancien enregistrement présent, le single “New Normal” (capté sous forme de démo voici plus de dix ans) atteste de l’influence marquante des Beatles (et principalement Macca) sur le songwriting mélodique du Jayhawk en chef (ainsi de “Mr. Updike”, de la plage titulaire, et surtout de l’irrésistible “Follow”). La ligne actuelle des Jayhawks (dont il demeure l’un des deux derniers membres originels) se manifeste au fil des délicats “White Squirrel”, “Too Late The Key” et “One Way Conversation”, portés par une guitare acoustique et rehaussés de chœurs aériens. Entre les fans du Neil Finn de Crowded House et ceux de Counting Crows, ce disque pourrait séduire une audience suffisamment conséquente pour inspirer à son auteur l’envie de ne pas attendre treize ans pour remettre le couvert. D’autant que l’on ne garantit pas l’espérance de vie de ce support à pareille échéance.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, May 30th 2021