Livre

Plaçant Gainsbourg au panthéon des auteurs-compositeurs-interprètes français, le journaliste Loïc Picaud revampe sa première Intégrale, coécrite avec feu Gilles Verlant (Point, 2012), en 430 pages chapitrées des “années jazz” aux “années provoc’” et illustrées des pochettes des premiers vinyles aux derniers CD. Né Lucien Ginsburg d’émigrés russes ayant fui la révolution d’octobre 1917, Serge Gainsbourg a porté l’étoile jaune et connu l’anonymat des clubs de la capitale avant de signer son premier contrat d’enregistrement à 30 ans. Chez Philips, seul dénominateur commun de toutes ses périodes créatives. La première d’entre elles, s’étendant de Du Chant A La Une (1958) à Gainsbourg Percussions (1964), voit ce descendant du courant existentialiste chanter à la première personne des histoires d’amoureux éconduits, d’alcool triste et d’emplois fastidieux. Il embrasse bientôt une nouvelle esthétique pop, majoritairement pour des œuvres de commande, où les envolées de cordes supplantent les orchestrations massives. Histoire De Melody Nelson, album conceptuel et métaphorique sur sa relation avec Jane Birkin, et L’Homme A Tête De Chou, variation en rimes et allitérations sur sa sculpture de Claude Lalanne, font l’objet d’éloges unanimes inversement proportionnels au timide accueil qui leur fut réservé en 1971 et 1976. La classe spécieuse, dont Serge fera un mot-valise. Avant que son double médiatique n’entame un long processus d’autodestruction sur fond de reggae, puis de funk new-yorkais… “Quand Gainsbarre se bourre, Gainsbourg se barre”.

Jean-Christophe Baugé
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PARIS-MOVE, November 9th 2020

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