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Gaëlle Bagot (clarinettiste et chanteuse française), et Juan Manuel Nieto (pianiste équatorien), se rencontrent en 2017 au sein du cursus “Jazz, musiques improvisées & musiques traditionnelles” du Pôle Sup’ 93. Une fois diplômés, portés par le soutien du violoncelliste Vincent Ségal (Bumcello), leur tandem se forme en 2020. D’abord portée sur l’arrangement de morceaux de cultures variées (Amérique Latine, variété française, pop anglophone etc.) selon le format minimaliste du duo (piano et clarinette/voix), leur démarche s’oriente bien vite vers la création originale. Nourries de leur curiosité sans frontières (pop, folk, jazz, salsa, chanson française, brésilienne et argentine, musiques bretonnes/irlandaises, balkaniques, maloya, etc.), leurs compositions explorent un langage mélodique riche de polyrythmies, unissons, ornements et modes de jeux variés. Pour ce premier album, nos duettistes ont partiellement rompu leur pacte, en accueillant deux invités (sur trois titres seulement): le violoncelliste Simon Lannoy et le beatboxer Oxyjinn (de formation classique, et ex-chanteur d’opéra!). Introduit sur un pattern de piano et de clarinette répétitif, l”Aguïta” d’ouverture présente les deux complices en vocalises mêlées, esquissant d’emblée leur univers singulier (tout en citant malicieusement la “Rhapsody In Blue” de Gershwin sur sa coda). Bien qu’évoquant immanquablement certaines sonorités que l’on croyait désuettes (pour les avoir tant ouïes dans les B.O.s de Woody Allen, depuis Benny Goodman jusqu’à Sydney Bechet), les clarinettes de Gaëlle (si bémol, mi bémol et basse) parviennent à s’affranchir de ces références pesantes (quitte à mouiller sporadiquement sur les rives du klezmer). C’est en quartette (avec Lannoy et Oxyginn) qu’ils livrent un savoureux (et languidement syncopé) “I Don’t Wanna Work” que n’auraient renié ni Pink Martini, ni David Krakauer (et où Vincent se fend d’un étonnant solo dans les aigus). Le latino-américain “Cordillera” offre de nouvelles opportunités de choruses à nos deux protagonistes (toujours soutenus par un Lannoy usant parfois de son violoncelle comme d’une contrebasse), avant que “El Mono Loco” ne scelle avec panache le terme de leur parenthèse à quatre. Revenus au duo, nos amis nous servent un “Ouvre Les yeux” en biguine maloya polyglotte (apprenez-y à dire “chaton” en six langues!), avant de conclure sur “Du Temps” (adapté d’un poème de Géo Norges), et un “Regalo” lumineux. Aussi audacieux et ambitieux que néanmoins accessible, un album au confluent du jazz, de la chanson et des musiques du monde, dont le charme opère instantanément. Comme disaient les maîtres de la réclame du temps jadis, l’essayer, c’est l’adopter.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, July 25th 2025
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Concert de lancement mercredi 5 novembre aux 2 Pianos (Paris 15ème)