G & THE DOCTOR – Dat Nola Trip

Autoproduction
Blues
Gloria Turrini

Nous avons eu l’occasion de signaler la chanteuse et batteuse Gloria Turrini voici deux ans déjà, lors de la parution de son album en tandem avec le pianiste Mecco Guidi (chronique ICI). Toujours adepte du duo, c’est avec le guitariste Riccardo Ferrini qu’elle délivre à présent neuf nouveaux titres, enregistrés à la Nouvelle-Orléans (comme le générique l’indique). Nos deux complices n’apparaissent toutefois réellement seuls qu’à une seule occasion, puisqu’ils accueillent à tour de rôle des guests tels que l’harmoniciste Andy J. Forest, le guitariste électrique Roberto Luti, le contrebassiste Robert Snow et la clarinettiste Rosalynn Deroos. C’est dans une veine résolument vintage qu’entre ragtime et hokum, “Not Today Satan” ouvre le ban. Après le washboard, Gloria passe aux balais pour le chaloupé “You Should Have Known”, où elle confirme l’étendue de son registre vocal, tandis qu’y ondule la slide sinueuse de Ferrini. Ce dernier et Gloria interprètent en trio acoustique avec Forest le “Four Day Creep” de Ida Cox, et Miss Turrini s’y consacre exclusivement au chant, délaissant un instant ses ustensiles percussifs pour témoigner de son tempérament vocal de classic blues mama. Ses deux comparses ne sont pas en reste: Turrini dans la ligne d’un Big Joe Williams, et Forest dans celles de Hammie Nixon et Jazz Gillum. Co-signé par Mecco Guidi, “Solid As A Rock” bénéficie de l’apport de la clarinette de Miss Deroos, qui en oriente le caractère vaudeville. Des chœurs féminins adoucissent le résolument agraire “Not Anymore”, au fil duquel Gloria accompagne au tambourin la contrebasse de Snow et la slide virevoltante de Ferrini, tandis qu’elle se concentre à nouveau sur le chant pour le poignant gospel “Two Voices”, où Ferrini confirme toute sa subtilité au bottleneck. Retour au mambo louisianais pour “That Dog”, où la slide de Riccardo reçoit le renfort de la guitare rythmique de Luti, tandis que, hormis un charley aussi discret que métronomique, Gloria se limite à de discrètes percussions manuelles. Elle interprète ensuite le folky “Without You” dans un registre voisin de celui de la grande Kaz Hawkins, là où n’osent frayer que les vocalistes de premier rang, avant de conclure sur le rockin’ rhythm n’ blues “Let Go And Let God”, au fil duquel, à nouveau soutenue par des chœurs soulful, elle laisse libre cours à sa verve rythmique. Un album sans prétention, mais dont les variations illustrent au mieux le fier tempérament d’une artiste de caractère.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, July 22nd 2023