FRED CHAPELLIER – Straight To The Point

Dixiefrog / PIAS
Blues, Soul
FRED CHAPELLIER - Straight To The Point

Coup de blues ou coup de mou? Il y aura bientôt six ans, Fred Chapellier annonçait qu’il raccrochait. En 25 ans de carrière, il estimait avoir atteint l’essentiel de ses objectifs, et n’imaginait alors pas pouvoir aller plus loin. Avec une dizaine d’albums sous son nom (dont certains en collaboration avec les Américains Neal Black, Tom Principato et Billy Price), sans compter ses collaboration remarquées avec Jacques Dutronc, Bill Deraime et Charlie Fabert, Fred s’était pourtant imposé au fil des ans comme LE guitar-slinger français par excellence. L’un des rares à pouvoir fédérer parmi ses fidèles, puristes du blues, nostalgiques du blues-rock des seventies, et même une certaine frange du grand public. Il n’a heureusement pas persisté dans cette funeste résolution, et c’est avec un plaisir et une impatience renouvelés qu’on le retrouve encore, avec cet opus dont le titre résume à lui seul la démarche: droit à l’essentiel! Composés, enregistrés et mixés durant les longs mois du confinement consécutif à la pandémie mondiale, les douze titres qui le constituent ont fait l’objet d’un soin méticuleux, mais n’en respirent pas moins toute l’émotion et la sincérité auxquelles notre homme nous a accoutumés. Écrit par le claviériste américain Jimmy Britton, le “Blues On My Radio” d’ouverture voit les six cordes de Fred épouser les licks du regretté Albert King, tandis qu’il y énumère la martingale de ses héros personnels (de Robert Johnson et Jimmy Reed à Buddy Guy, T-Bone Walker et Junior Wells…). Son vieux complice Billy Price (ex-partenaire de Roy Buchanan) co-signe avec lui “I’d Rather Be Alone” et “Way Past Midnight”, auxquels les cuivres actionnés par Éric Mula, Michel Gaucher et Pierre d’Angelo (ainsi que l’orgue de Britton) confèrent une chaleureuse touche rhythm n’ blues. L’occasion de saluer également l’impeccable section rythmique qui soutient l’édifice (Christophe Garreau, basse et Guillaume Destarac, drums, appuyés de Patrick Baldran et Jérémie Tepper aux rhythm guitars). L’empreinte de Peter Green (auquel Fred rendit hommage sur l’une de ses récentes livraisons) transpire au fil de son adaptation du “I’ve Got To Use My Imagination” de Gerry Goffin et Barry Goldberg, que popularisèrent voici un demi-siècle Gladys Knight & The Pips, où sa ligne de guitare évoque l’ex-leader perdu de Fleetwood Mac période “A Hard Road” (de même que sur l’épatant instrumental mambo “Where Eagle Dies”, plus “Black Magic Woman” que nature). Autre ami fidèle, Neal Black signe ensuite les lyrics de “Mother Earth”, alerte shuffle questionnant l’impact désastreux de notre comportement envers notre environnement. Publié en single, tiendrait-on là un potentiel hymne écologiste à l’usage des nouvelles générations? Sur des paroles à nouveau de la plume de Billy Price (et avec des arrangements de cuivres ciselés), le languide “Remnants” titille à bon escient les extrémités soul qui en sous-tendent le propos, que prolonge l’instrumental “Juliette” (où les soufflants et l’orgue de Britton se réservent la part du lion). Le tandem Price/ Chapellier sévit à nouveau pour un “Same For You And Me” dans une veine sudiste voisine de celle de Skynyrd, Point Blank et Blackberry Smoke. Faut il insister en y soulignant le feu d’artifice de guitares? C’est à Alain “Leadfoot” Rivet que revient ensuite la charge des paroles de l’imparable slow & heavy blues “Tend To It”: plus au fond du temps, on attaque la nappe phréatique, et depuis ces limbes, la guitare lance des fusées de détresse qui irradient un ciel plombé… L’instrumental funky “Racing With The Cops” est un hommage manifeste à Roy Buchanan, Tom Principato et Danny Gatton, trois des héros de Fred (dont le seul rescapé ne manquera sûrement pas de le féliciter). Écrit par Jimmy Britton, le mélancolique “Basketfull Of Blues” conclusif confirme les impressionnants progrès de Fred au chant, sur un tapis délicat de piano, contrebasse et balais. Un album sachant combiner à point nommé héritage et énergie, comme tous ceux qui comptent vraiment. Plus sincère que jamais, Fred Chapellier n’y délivre rien d’autre qu’une émotion palpable, et ses fidèles supporters, dont la base ne demande qu’à s’élargir encore, ne s’y méprendront pas.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, February 7th 2022

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Le French pistolero nous revien, accompagné par quelques fines gachettes qui tirent toutes plus vite que leur ombre! Et la force résultant de l’union, la cohésion de la bande est sans faille! Envisageons, pour commencer, le combo: Fred Chapelier, le Boss, est accompagné de Patrick Baldran (Reverend Black Network) et de Jérémie Tepper (Vincent Bucher, Greg Zlapscynski) aux guitares rythmiques, autant dire par de très très bons. Guillaume Destarac (Paul Personne, Fred Chapelier, Pascal “Bako” Mikaelian) est à la batterie et aux percussions et Christophe Garreau (Graeme Allwright, Ahmed Mouici, Paul Personne, Fred Chapelier) à la basse et contrebasse. Inutile de vous dire qu’ils savent tous les deux se servir de ce qu’ils ont entre les mains! A cela il convient d’ajouter une section cuivre, petite par le nombre, trois, mais énorme par ses effets dévastateurs concoctés par le premier nommé dans la liste ci-après: Michel Gaucher, saxophone alto et ténor, Pierre d’Angelo, saxphone baryton et Eric Mula, trompette. Mentionnons également les claviéristes: Jimmy Britton et Vic Martin. Il serait presque très grossier d’oublier la voix féminine de Gipsy Bacuet dans les choeurs… Après avoir mentionné ces musiciens qui sont beaucoup plus qu’un simplle backing band, parlons maintenant des compositeurs concepteurs des superbes titres. On retrouve le claviériste Jimmy Britton, paroles et musique, 2 titres, Billy Price, paroles sur des musiques de Fred Chapelier, 4 titres, Fred Chapelier seul, 3 titres, Barry Goldberg/ Gerry Goffin (le premier étant un compositeur musicien producteur, avec une quinzaine d’albums à son actif et le second un parolier américain, époux de Carole), 1 titre, Neil Black, paroles sur une musique de Fred Chapelier, 1 titre, Alain “Leadfoot” Rivet, paroles sur une musique de Fred Chapelier, 1 titre. Soit un total de 12 titres. Tous les ingrédients sont réunis pour que l’on passe un super moment à l’écoute de cette musique. Fred & Co présenteront ce nouvel opus sur scène, mercredi soir 23 marss, au New Mornig. Il est impératif d’y être si vous voulez vous regarder en face et pouvoir dire fièrement: j’y étais!

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)

PARIS-MOVE, March 22nd 2022

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En concert au New Morning, à Paris, le 23 mars 2022 (première partie: Grant Haua)
Infos, mesures sanitaires et billetterie en ligne ICI