Franz Ferdinand / Sparks – FFS

Domino
Rock

Rétrospectivement, cela semblait tellement évident que l’on s’en voudrait presque de ne pas l’avoir prédit: la rencontre fusionnelle entre le quatuor écossais et le vétéran duo amerloque ne pouvait en effet que se produire. L’admiration des premiers pour les seconds (dont le premier âge d’or eut lieu voici plus de quarante ans, et déjà en Grande-Bretagne), le goût immodéré des seconds pour les volte-face et les défis, mais surtout leur authentique convergence esthétique ne pouvaient que les mener à cette collaboration. Les véritables surprises résident donc ailleurs. Les frangins Mael (Ron, 70 balais, et Russell, 66) retrouvent, au contact de leurs jeunes émules, certains des éclats romantico-fantasques de leurs débuts (quand ils s’appelaient encore Halfnelson). Ainsi du vaporeux “Little Guy From The Suburbs” (qui name-drops Jean-Paul Sartre, comme “The Louvre” jadis), ou des débridés “Johnny Delusional”, “Police Encounters”, “Save Me From Myself”, “Collaborations Don’t Work” (preuves que si) et “Piss Off”, qui ravivent à point inespéré les feux de “Kimono My House” et “Propaganda”. Serait-ce que les aînés prennent ici l’ascendant sur leurs cadets? Ce piège s’avère brillamment contourné, tant les textures et les beats martiaux des deux formations se marient ici à la perfection (cf. “The Man Without A Tan”, pastichant goulûment le riff du “Tainted Love” de Gloria Jones et Soft Cell). Ainsi, ce qui aurait pu se résumer à un roué coup marketing de plus se révèle de fait l’une des plus éblouissantes réussites de l’année. Et il paraît que ce miracle se poursuit à présent sur scène? Pincez-moi, je rêve…!

Patrick Dallongeville
Paris-Move / Blues Magazine / Illico / BluesBoarder

Franz Ferdinand