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1967: Frankie Valli, conscient d’être le plus vieil adolescent du circuit à 32 ans, se cherche un destin sans remettre en question l’intégrité des Four Seasons. Ce premier album solo, à la pochette mettant en scène l’enthousiasme collectif (son groupe, premier de corvée), évite le hors-piste et le lieu commun. Mieux que “Proud One”, pop dont les Osmonds feront leur beurre en 1975, et “You’re Ready Now” que les Britanniques ne tarderont pas à qualifier de northern soul, “Secret love” déploie à partir d’un claquement de doigt des trésors d’orchestrations jazz. Mais c’est avec “Can’t Take My Eyes Off You” que Valli sort par le haut de ce cercle vicieux du chant en falsetto. Un tube de mégalomanes qui ont le sens de l’éternité (Bob Crew/ Bob Gaudio, plus Artie Schroeck aux arrangements)… et tablent sur le fait que l’auditeur a une mémoire de poisson rouge, les mélodies étant voisines et cousines de l’adagio du Spartacus Et Phrygie d’Aram Khachaturian (1956). Matraqué par CKLW, radio de Windsor, Ontario, qui arrosait la région des grands lacs, ce n°2 des charts US derrière le “Windy” de The Association va être le vecteur d’émancipation d’un personnage bientôt insubmersible. Des quelques 250 reprises qui ont suivi, on retiendra celle de Boys Town Gang qui, en 1982, clôt l’ère disco avec la même classe que Barry Banilow l’avait ouvert avec “Copacabana”.
Jean-Christophe Baugé
BLUES MAGAZINE/ JAZZ NEWS/ LEGACY (DE)/ METALLIAN/ PARIS-MOVE/ ROCK & FOLK
PARIS-MOVE, October 3rd 2023
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“Can’t Take My Eyes Off You” :