| Pop |
Pour sortir de la zone de Belleville, dans le New Jersey des années 1950, il fallait soit s’engager dans l’armée, soit tourner mafieux, soit devenir une célébrité. Tommy DeVito, guitariste, chanteur baryton et voleur avec effraction, cochait les deux dernières cases. Francesco “Frankie Valli” Castelluccio, de six ans son cadet, également, par mimétisme. Si Valli a la voix, Bob Gaudio, orgue et chant ténor, recruté par l’intermédiaire d’un certain Joe Pesci, a les chansons… Leur accord tacite pour gérer l’artistique et le commercial tiendra au-delà de la décision de Gaudio d’arrêter les tournées en 1971. Le quartet, avec le bassiste et arrangeur Nick Massi, n’assure d’abord que des chœurs pour les sessions du producteur Bob Crewe. Mais le titre “Sherry”, sorti en août 1962 chez Vee-Jay Records, premier d’une série de trois numéros un (“Big Girls Don’t Cry” en octobre 1962, “Walk Like A Man” en janvier 1963) rebat les cartes. Le falsetto de Valli subjugue. Les reprises et compositions de remplissage – du doo wop plus tard singé par Frank Zappa – sont celles du corrélat objectif, équilibre parfait entre la forme et le sens. C’est sans surprise que ce premier album, décliné en stéréo la même année, occupe la majeure partie de Jersey Boys, biopic que le grand Clint Eastwood a consacré au groupe en 2014, lui-même librement inspiré de la comédie musicale du même nom de 2005.
Jean-Christophe Baugé
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PARIS-MOVE, October 3rd 2023
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“Sherry”: