Folk-Rock

Comme feignent encore parfois de l’ignorer certains de leurs fans, une bonne part de ce ce que refourguent les artistes les plus populaires de notre Hexagone n’est autre que de la musique anglo-saxonne transposée dans la langue de Molière. Ce duo Bordelais (Franck Claudel, chant, guitare, harmonica, et Damien Hyerlé, slide guitar sur Weissenborn et percussions) pousse juste le bouchon un peu plus loin, en renvoyant ses propres influences à leur dialecte d’origine. Après un premier album remarqué (“You Can Find Your Way” en 2019), voici donc celui de la confirmation. Celle d’un talent à deux voix et quatre mains, qu’il s’agisse de l’écriture de leur répertoire, de ses arrangements ou de son exécution. Et tout y sonne effectivement comme s’il avait été composé et capté sous les cieux ensoleillés de Palm Beach (il le fut de fait à San Bernardino, sous la houlette de Matt Grundy), ou encore ceux des Antipodes (ce “Stay” que n’aurait pas renié John Butler). Harmonies vocales au cordeau, percus 100% organiques et cordes acoustiques alternant picking et glissando: en laid-back quasi-permanent, les rythmiques incitent à se détendre et à profiter du sunset (l’imparable “Shelter”, proposé en deux versions distinctes). Et si l’on discerne certes chez Franck et Damien des traces de J.J. Goldman (“Broken Man”, “Better For You”, ou ces “Fire And Soul” et “California” gentiment boogie) et de Gérald de Palmas (“Home”, “Another Way”), il faut surtout y déceler un héritage commun, ainsi qu’une dette partagée envers les mêmes références que chez ces derniers: Eagles, America, Jack Johnson (“Spread Love”), Ben Harper (“Raise Your Voice”) et tout ce Laurel Canyon fantasmé. Et si l’on tenait là en définitive nos Turin Brakes à nous?

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, September 22nd 2023

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https://www.youtube.com/watch?v=GOwiusfOndY