FONTANAROSA – Are You There?

Howlin' Banana Records
Indie Pop
FONTANAROSA - Are You There?

L’époque étant ce que nous en faisons, le lecteur réclame (dans le vain espoir de parvenir à s’orienter parmi la foisonnante production musicale contemporaine) son lot de repères et de références. Il ne faut pas chercher ailleurs la cause de cette prolifération d’étiquettes toutes plus saugrenues, non plus que la propension (souvent exaspérante) au concours de name dropping, dès qu’il s’agit de désigner la moindre nouvelle parution. On n’y coupera donc pas avec le premier album de cette formation lyonnaise, découverte live au débotté un samedi soir sur France Inter (“écoutez la bien-pensance”). Comme chez Paul Verhoeven (dont l’étymologie batave n’occulte en rien l’anglophilie), Fontanarosa est d’abord le véhicule de Paul Vervaeve, trentenaire français né au Royaume-Uni, mais ballotté dans sa jeunesse entre l’Espagne, la France et le Brésil. Après des débuts instrumentaux au sein du duo Monotrophy, celui-ci osa franchir en 2019 le cap décisif du chant, avec un premier EP autoproduit sous le prête-nom de Fontanarosa. Devenu un groupe à part entière avec son accès à la scène, ce quartette contribue désormais à l’élaboration des compos de Paul (un peu comme ce dont bénéficiait un autre Paul voici un bon demi-siècle, au sein d’un fameux autre quatuor). Le parallèle avec les Fab Four s’arrête pourtant là (même si Vervaeve s’y référe parfois comme à un idéal indie frisant l’anachronisme). Que l’on décèle, de ci, de là, des séquelles de Teenage Fanclub (“Way In Out”, “Days Go By”) ou du psychédélisme naïvement vaporeux du Pink Floyd primitif (“Oh id”), la complémentarité des deux guitares évoque avec bonheur celle des duettistes de Television (“Anytime”, “Backgrounds”), voire des Only Ones (le captivant “Hold On”). Si, avec son mur de distorsion shoegaze, “All By Myself” se révèle l’une des plages les plus faciles à dater au carbone 14, le lancinant “Final Distant Ghost” renvoie à une autre cohorte de frenchies anglo-maniaques (Johan Asherton, Christophe J., Dominic Sonic…), avec sa dentelle d’arrangements concis et précieux. Un artisanat réminiscent de grands cotonneux tels que Chris Bell et Ray Davies, tandis que “Off Motion” s’inscrit pour sa part dans la veine des Estoniens d’Ewert & The Two Dragons et du duo canadien Ducks Ltd: l’indie pop dans ce qu’elle synthétise au mieux de sens mélodique et de tension mêlés.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, September 13th 2022

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