Louisisana R&B |
Mais où vont-ils s’arrêter? Etant un inconditionnel du groupe de la première heure, à chaque fois que j’ai la joie et l’honneur de chroniquer un nouvel album des Flyin’ Saucers Gumbo Special, je me dis que tel un grand cru classé, ils ont atteint leur apogée et sont au sommet de leur art, et bien que nenni! Avec cette nouvelle production intitulée “Nothin’ But”, les Saucers semblent avoir accentué de plus belle leurs exigences musicales et la qualité de leurs compositions, pour nous pondre un véritable chef-d’œuvre qui fleure bon la Louisiane et toutes ses musiques populaires et festives qui inondent les bayous, les bouges et autres fais dodo, de Baton Rouge à Lafayette, en passant par Lake Charles et Bourbon Street et son blues plein les trompettes. Avec les Flyin’ Saucers Gumbo Special, ça sonne grave, ça swingue du tonnerre, c’est à s’y méprendre, car on croirait vraiment un gang endémique issu des marécages et de son climat subtropical, biberonné au zydeco, à la musique cajun et au swamp-blues des Slim Harpo, Clifton Chenier ou Zachary Richard… A croire que l’estuaire de la Gironde est infesté par des Alligators affamés de groove et de feeling et que le Jambalaya est la spécialité culinaire de la rue Ste Catherine à Bordeaux. Même si ce groupe hétéroclite n’est plus exclusivement originaire de Bordeaux, comme lors de ses premiers soubresauts louisianais, mais plutôt du grand-ouest. Les pirates sans foi ni loi de la côte Atlantique en somme, emmenés par l’inoxydable et passionné Fabio Izquierdo à l’accordéon à bouche et à la planche à laver, par le fidèle et talentueux Cédric le Goff au chant et au keyboards, par Lucas Gautier aux guitares subtiles et veloutées et par Stéphane Stanger et Charlie Duchein, batterie et basse, qui assurent une prodigieuse rythmique qui pourrait faire bouger et se déhancher un groupe de sénateurs poussiéreux et pleine phase de digestion dans l’hémicycle. Déjà, à l’écoute du premier titre ‘Zydeco Train’, le ton est donné et les hostilités sont déclenchés, car indubitablement, les Saucers ont placé la barre haute, très haute et le reste de l’opus est du même acabit. Chaque titre mériterait de passer en boucle sur les ondes FM et même le matin, pendant le rasage et le brossage des dents, ce qui aurait pour effet immédiat de booster les français taciturnes qui s’apprêtent à affronter une nouvelle journée de boulot et leurs petits chefaillons aux cheveux gras et pelliculeux et de remplacer le Prozac et la vitamine C. A noter une seule reprise dans cet album et pas des moindres avec ‘High Blood Pressure’ de 1958, célèbre titre du pianiste du rhythm and blues de la Nouvelle-Orléans: Huey “Piano” Smith and the Clowns. A l’instar du pionnier et taulier Benoît Blue Boy, lui aussi inlassable grand ambassadeur de la Louisiane et des méandres du Mississippi en France, on devrait déclarer les Flyin’ Saucers Gumbo Special d’intérêt public et leur décerner le titre honorifique de ministres de la bonhomie, de la musique festive et de la bonne humeur. Comme le chante si bien Dick Rivers dans son éloquente chanson ‘Louisiana Man’: Je renierai mon père, pour l’eau de la rivière, parlez-moi de Venise et je sors mon révolver. Fils du bayou, Louisiana Man… Et bien c’est tout-à-fait l’image que reflètent Fabio Izquierdo et ses acolytes, des fils du bayou! Des fils du bayou qui viennent de sortir un album somptueux, à la chaleur moite, poisseuse et suffocante, qui je n’en doute pas une seule seconde, fera date dans leur discographie qui ne cesse de s’embellir au fil des ans. Merci aux Saucers pour leur singularité et leur crédibilité! Alors oubliez votre arthrose, graissez vos rotules et en route pour la Louisiana Dancin’ Party. Let the good times roll…!
Serge SCIBOZ
Paris-Move
PARIS-MOVE, September 23rd 2019
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