Rock

Si “Got Live If You Want It” des Stones, “Live At Kelvin Hall” des Kinks” et “Live At The Star Club” des Teulsbis ne vous rebutent pas, vous devriez pouvoir vous accommoder du son de ce live des Groovies Mark IV. Car il faut bien le concéder, seule l’introduction du speaker de la radio KSAN qui retransmettait ce concert s’avère proprement audible, selon les standards désormais en vigueur. Les live des Groovies (toutes époques confondues) foisonnent, mais la plupart d’entre eux s’avèrent d’abominables bouses du point de vue audiophile (cf. le “Rockin’ At The Roundhouse 76-78”, ou encore “One Night Stand” au panthéon de l’arnaque). Maintenant, l’aspect “document historique” de l’objet ici disséqué ne pourra manquer de titiller le fan (ce croisement moderne du mouton de panurge et de la vache à lait). Présentant le line-up de “Now” et “Jumping In The Night” (avec un Mike Wilhelm éberlué et David Wright, seul batteur décent depuis le séminal Danny Mihm), cette captation caverneuse propose un taux relativement satisfaisant d’originaux (40%, dont un “Shake Some Action” et un “Between The Lines” saignants, ainsi que “I Can’t Hide” et “First Plane Home”), et quelques covers intéressantes (“Fall On You” de Moby Grape, “Feel A Whole Lot Better” des Byrds, “Paint It Black” et “19th Nervous Breakdown” des Stones, “I Want You Bad” de NRBQ, ainsi que deux Chuck Berry, “Around & Around” et “Let It Rock”), contre certaines proprement ineptes (“From Me To You” et “Please Please Me”). Qu’ils annoncent “Baby Please Don’t Go” de Big Joe Williams comme un original de Them ne revêt dès lors qu’une relative importance: cette tentative kamikaze de ramener le Mersey sound au goût du jour dans l’Amérique pré-Reagan suscite le capital de sympathie que s’attirent, bon gré mal gré, la plupart des maniaques non serial-killers. Aussi superflu qu’indispensable donc, selon votre obédience en somme.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, December 31st 2019