FEDERICO LUIU – Walkin’ The Blues

Autoproduction
Blues
FEDERICO LUIU - Walkin' The Blues

Né en Sardaigne et élevé par un père guitariste, Federico Luiu fut initié au blues dès son plus jeune âge. Relocalisé au Canada en 2012, il ne tarda pas à s’y faire remarquer au sein de la scène de Toronto. S’y liant avec des artistes aussi divers et notoires que Michael Fonfara, Joey Landreth ou Matt Schofield (qui devint son mentor), il y forma son propre quartet, Sons Of Rhythm, avec lequel il participa au Montréal Jazz festival, ainsi qu’à celui de Porto Ferro en Italie. C’est toutefois en tant qu’artiste solo qu’il propose à présent son premier album, mais cependant pas seul, puisqu’outre Schofield (passant lui rendre la politesse sur un titre), pas moins de sept musiciens l’y accompagnent. Également émule de Joe Bonamassa, Federico Luiu y déploie l’éventail de son talent, qui se complète de ceux de chanteur chaleureux, ainsi que compositeur versatile. Dès le “You Don’t Love Me” d’ouverture (shuffle propulsé par le Hammond juteux d’Alberto Gurrisi, et scandé par une section de cuivres aux petits oignons), on réalise que l’on n’est nullement en présence d’un débutant. Production rutilante, chant assuré et surtout, cette guitare qui s’ébroue avec bonheur et gourmandise, témoignent assurément d’une maturité accomplie. L’effectivement funky “Funky Bee” arpente allègrement les travées du regretté Albert Collins, avec l’appui d’une irrépressible section rythmique, et le soutien sans faille des cuivres (solo de la saxophoniste d’Ottawa, Alison Young). Le manifeste “All I Wanna Do Is Play Them Blues” ralentit le beat au mid-tempo, sans relâcher pour autant la tension funk (choristes à l’avenant), et offrant à Federico l’occasion de faire scintiller sa slide. Mais la pièce de résistance de ce panel s’avère le slow blues “What You Done To Me”, où dans le registre du grand B.B. King, le jeune Luiu laisse étinceler sa sensibilité d’authentique bluesman, tandis que ses accompagnateurs lui fourbissent l’écrin délicat qui sied à l’exercice. Comme le déclara un jour le grand Marc Thijs, s’il est relativement facile d’épater la galerie lors de titres rapides, c’est sur les blues lents que l’on distingue les véritables qualités d’une formation, et cette plage en est l’éclatante démonstration. Le jump cuivré “She’s Gone” permet à Federico Luiu de croiser le manche avec son ami Matt Schofield, et il conclut ce remarquable album sur deux instrumentaux, exprimant les deux pôles de son inspiration: l’alerte et jazzy alerte “Otto”, et l’enlevé country “Like A Woman”, où il fait étalage de sa stupéfiante vélocité en pareil registre, dans la veine du regretté Danny Gatton. Un nouveau venu qui risque donc de bousculer la donne autour des scènes où il se produira.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, April 30th 2020