FANTASTIC MISTER ZGUY – L’Épopée Cool

GM Editions / Modulor
Indie Pop
FANTASTIC MISTER ZGUY - L'Épopée Cool

Né à Paris, Ghislain Chavanne (alias Fantastic Mister Zguy) a commencé la musique à 13 ans, bricolant dans sa chambre des reprises des Beatles, des Stones, des Gorillaz et de Eels à l’aide du logiciel Garage Band. Lassé de copier ses maîtres, il s’en est affranchi en 2015 avec une première composition “I Won’t Take You For Someone Else”. Depuis, ce multi-instrumentiste autodidacte a rempli son épuisette de chansons avec de quoi alimenter deux premiers albums anglophones, “King Shrimp“ (2019) et “Queen Shrimp“ (2020), accréditant son appétence pour les plaisirs de la pêche. Il a toutefois beau se revendiquer de Jeffrey Lewis, Jonathan Richman et autres Daniel Johnston, la plage d’ouverture de ce quatrième album, “La Louve”, rappelle surtout la trame mélodique du “Manu Chao” de nos chers Wampas (dont les paroles auraient été pour la circonstance malencontreusement remaniées par un Étienne Daho toujours aussi léthargique). Voici donc un disque dont l’écoute s’aborde avec un léger handicap… Sur des bongos guillerets et des zigouigouis de synthé vintage, “Au Réveil Quotidien” évoque quant à lui le Pierre Vassiliu des seventies, et “Au Balcon de l’Insomnie” la rencontre inaboutie de Polnareff et du Gainsbourg de “Melody Nelson”. Fan déclaré du non moins nonchalant Adam Green, Ghislain restitue une dévote reprise de son “Dance With Me”, selon une production glam-cheap digne de la B.O. de “La Boum 3”. Question références et name-dropping, on se verrait bien en rester là, mais cela nous contraindrait à passer sous silence la suite des événements. “Un Petit Tu Me Manques” et “Tes Beau” renvoient ainsi à Plastic Bertrand, tandis que “Le Monde Polychrome” en fait autant avec le bon vieil Antoine de 1966 (quand ce dernier se prenait encore pour le variant gaulois de Donovan). Sur un picking agreste de guitare sèche (et avec le renfort vocal de Laetitia Chavanne), “Argentine” et “Mon Ami Fantastique” versent pour leur part du côté America de CS&N.
Verdict: aussi talentueux que puisse éventuellement s’avérer ce Fantastic Mister Zguy, on peine à comprendre un mot sur quatre de ce qu’il baragouine (à ce compte, autant chanter en yaourt, comme Dutronc sur “Merde in France”), et la faute en revient à deux facteurs convergents: son manque de coffre manifeste d’une part, et de l’autre, la production qui enfouit sa voix sous des arrangements certes sympa, mais au demeurant quelque peu téléphonés. Et ce n’est pas le paresseux reggae conclusif qui nous fera varier sur ce point… Un pastiche, sinon rien? Navré, Ghislain, t’as une bonne tête, mais je vais plutôt prendre un San Pellegrino.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, October 7th 2022