Fada – La caresse du clown

Cristal Records – Harmonia Mundi
World Music
Enfin de la chanson française qui donne dans l’originalité et la qualité. Le cri est fort et en choquera certains, je le sais, mais comment dire et répéter que l’on en a assez de ces pseudos artistes qui inondent les antennes à foison sans rien apporter de nouveau, ou d’original.
Avec Fada, aucun risque de retrouver ce que vous avez déjà entendu car le groupe offre une originalité totale dans un domaine où l’on pourrait se dire qu’originalité est un pari risqué: le slam.
Première grande réussite de ce combo, avoir su marier sonorités jazzy et slam, car qui aurait osé parier sur un mariage aussi atypique que celui-ci. Un mariage parfait, toutefois, grâce au talent des musiciens et du slameur, Marco Codija. Face à lui, quatre musiciens en osmose complète sur ce projet: Denis Guivarc’h au saxo alto, Xavier Duprat au piano et au Fender Rhodes, Benoît Lugué à la basse et Vincent Sauve à la batterie. Chacun, à sa manière, est partie prenante de la diction de Marco. Aucun instrument n’est en retrait, alternant ou se superposant avec délice, malice.
Seconde grande réussite du combo, proposer non seulement un très bel album de 12 titres, mais aussi et surtout d’avoir bâti celui-ci sur le concept d’un ‘conte contemporain’. Une véritable histoire globale qui s’écoute avec émotion et attention.
 
Second opus du groupe après un premier album remarqué, quoique pas assez, ‘Soleil Noir’, en 2008, ‘La caresse du clown’ fut mis en route à l’occasion d’une résidence au Molière Scène d’Aquitaine, à Bordeaux, en juin 2009. Une résidence qui apporta indéniablement ce ciment, cette unité de groupe qui donne à cet album une solidité musicale indéniable. Une solidité qui rappelle lors de certains titres comme ‘Bich’n, l’ultime circonvolution’ ou ‘La Crise’ (part I), les arrangements musicaux de chansons révoltées de Léo Ferré. Un Léo Ferré auquel on pense immédiatement en écoutant certains textes de Marco Codija. Même sensualité exprimée au travers de mots choisis et même rage pour dire les vérités qui dérangent. Avec le même ton qu’employait le grand Léo lorsqu’il nous disait ce qu’il avait sur le cœur, sur de grandes envolées de cordes, comme le fait ici Marco, sur ‘Laura’.
 
Un album qui bouscule les frontières entre jazz, chanson française et slam, hip hop et free-jazz, pour mieux les faire disparaitre et proposer un univers musical nouveau, emprunt de liberté. Totale.
 
Magistral, tout simplement.
 
Frankie Bluesy Pfeiffer
Fada