Ethan Brosh – Out Of Oblivion

(Magna Carta – PR-9100-2)
Rock
Avis aux gratteux, aux fans de six cordes qui déchirent les rideaux, aux amateurs de grosses et très belles guitares: ce CD est pour vous. Le jeune homme qui vous signe cet opus incandescent n’est pas manchot pour deux balles et le plus qu’il a, excusez du peu, c’est d’avoir appris en parallèle la guitare électrique et la guitare classique. Mais l’apprentissage en parallèle est une chose, fusionner les deux en est une autre, et Ethan Brosh est indéniablement un orfèvre en la matière. Des deux métaux précieux que sont la six cordes électrique et la six cordes classique il vous façonne des bijoux uniques, aux lumières étincelantes et aux reflets scintillants.
 
Ecoutez ‘The Hit Man’, premier titre de ce CD, et vous comprenez de suite de quoi l’on cause. Le riff de départ est cinglant, percutant, et vous propulse sur des sommets de fluidité guitaristique. Cela jaillit de vos enceintes comme de fines lames acérées qui ne laissent place à la moindre faiblesse auditive. Question rythmique, le lascar est épaulé par deux monstres d’efficacité que sont l’énorme Eyal Freeman à la basse et le monumental Mike Mangini (Extreme, Steve Vai) à la batterie.
 
Sur le second titre, ‘Night City’, petite intro à la guitare classique qui vous fait saliver avant qu’Ethan Brosh n’envoie la purée, et sans retenue, toujours épaulé par les mêmes Eyal Freeman et Mike Mangini. Impressionnants, vous dis-je, impressionnants ces deux là. J’en serai presque à regretter que sur d’autres titres Ethan remplace cette rythmique d’enfer par des machines à rythmes, mais bon, faut bien que jeunesse se passe, et comme le Ethan il n’est pas maladroit du tout non plus côté batteries et percus virtuelles, faut bien qu’il s’épanouisse, le p’tit gars.
 
Bon, je ne vais pas vous éplucher les onze morceaux proposés sur cette galette-ci, mais histoire de vous faire monter la bave à la lèvre supérieure, je vais vous glisser dessous le string de la voisine quelques morceaux qui vous feront courrrrrrir chez votre disquaire, ou sur le net, direction le site de Magna Carta: y’a le sublime ‘Ancient Land’(avec la rythmique réelle et pas virtuelle, yes, yes, yes!) et une gratte qui déchire le ciel façon éclair en plein orage nocturne, le très, très beau ‘Illusion’ qui flirte côté gypsy et côté classique à la fois, l’enragé ‘Blade Runner’ sur lequel Ethan Brosh est secondé par Greg Howe, sans oublier le monumental ‘Blast Off’, où Ethan est seul, seul de chez seul à tenir le manche d’une six cordes que l’on croirait dédoublée, sur fond de nappes de claviers, pour vous offrir un morceau d’anthologie. Woaaaaa…..
 
Enfin, et histoire de respecter l’ordre des choses et telles que placées sur ce CD par Ethan, terminons par deux pièces étonnantes et superbes: le prélude #4 de Bach, joué à la guitare classique, que Ethan Brosh dédie à celui qu’il désigne comme le meilleur compositeur et musicien de tous les temps, suivi par ‘Affliction’, un court morceau inspiré de la Passion de Saint Matthieu, de ce même J.S. Bach, et que Ethan Brosch interprète à la guitare électrique, seul et sans accompagnement aucun. Superbe, tout simplement.
 
Quand vous saurez que sur cet opus Ethan Brosh est secondé par George Lynch (Dokken, Lynch Mob) sur un titre, par Greg Howe, Joe Stump, Jessy Bullet aux guitares, par Eyal Freeman, A.C.Black et Stathis Lontus aux guitares basses, par Yuval Golibroda aux claviers, Damian Arriaga aux percussions et Mike Mangini aux fûts, vous avez compris que vous avez du lourd, du très lourd, et que si vous montez le son cela va déménager grave.
Et si une voisine mal lunée vous enchose et vous hurle des grossièretés par le trou (de la serrure), filez aux plages 10 et 11 et ouvrez lui la porte en lui murmurant ‘Bienvenue chez Monsieur Bach’. Offrez lui le champagne, car seul le champagne mérite d’être bu en écoutant un CD de cette cuvée. Vous verrez qu’après la seconde coupe, votre voisine vous demandera où il crèche, le Mike Mangini. Ben oui, je vous avais prévenu: monumental, le Mike.
 
Quitte à me répéter, je vous le dis et redis: avis aux gratteux, aux fans de six cordes qui déchirent les rideaux, aux amateurs de grosses et très belles guitares, ce CD est pour vous!
 
Frankie Bluesy Pfeiffer
Ethan Brosh