Eric TER – Voisine

Autoproduction
Blues

Funambule, prisonnier dans votre bulle, libéré d’un long sommeil, tous vos sens en éveil, en précaire équilibre sur l’infime, fil tendu au dessus l’abime, entre réalité et illusion vous n’avez qu’une option, celle de garder vos yeux fixés loin sur l’horizon.
D’emblée vous entrez dans une autre dimension. Eric Ter, auteur, compositeur, interprète, cousin éloigné d’un Bob Dylan ou d’un J.J. Cale, vous souhaite la bienvenue dans son univers, terres de contraste où se côtoient les reflets d’une promesse dans l’aube naissante et les doutes d’une incertitude dans la nuit tombante.
Loin d’être le premier venu, après tant de chemins parcourus, depuis le milieu des seventies, outre-Manche et outre-Atlantique, ce songwriter accompli et guitariste virtuose de l’infini, signe ce nouvel album ‘Voisine’. Au fil des quatorze compositions chantées dans la langue de Molière, ces tranches de vie, empreintes d’une divine poésie, sont des réflexions sur ce monde dans lequel nous évoluons.
Comme pour conjurer le sort, ces coups de blues au quotidien dont certains se passeraient bien, le verbe guérit les maux et devient un remède pour mieux soulager vos bleus à l’âme. Le mot, lui, sort de son contexte, il contraste et conjugue le côté festif du blues, tout comme cette guitare qui jamais n’engendre la mélancolie.
Dès ce premier titre ‘Oh, Si’ la voix rocailleuse de l’artiste vous étreint. Affirmation pour certains ou question que d’autres se posent sur l’état des lieux, la situation des hommes et du monde, pas bien louable et a priori pas facilement jouable. A suivre le courant du suivi, on devient presque un peu triste.
Avec quelques accords bien dosés, la guitare se porte garante pour démêler ce titre ‘Embrouille’, mais au bout du fil, la communication est mauvaise, les mots arrivent en contre-sens, de chaque côté le même vieux malaise, les idées se bousculent dans tous les sens.
Le musicien lève le voile, si émotif… essaye de le cacher, la gratte accentue ses riffs acérés sur ce titre ‘Emotif’, toujours le même thème, alors il se rebiffe, mais ça se voit quand même.
‘A l’abri’ de ce quatrième titre, qu’il fasse tout doux ou neige ou vente, que le terrain soit plat ou en pente, peut-être qu’on a seulement compris qu’on veut garder le reste de cette vie allégé du poids de l’inutile.
Si vous en croquez pour celle dont vous avez l’impression qu’elle est plutôt du genre coquine et si vous vous demandez si elle sait qu’elle crée en vous des pensées extravagantes, pour preuve cette guitare qui se la joue encanaillée, alors ce titre ‘Voisine’ vous est destiné! Et ne me dites pas que vous n’en avez pas une… de voisine!
J’en connais certains qui ont du mal à se lever le matin, ils se reconnaîtront sûrement dans ce texte, ‘Mauvaise Mine’, car tout est dit, plus d’un qui rame, plus d’un qui trime. Pour un qui a l’air gai, il y en a cent qui ont mauvaise mine. Je me suis levé ce matin, j’ai dû m’empêcher de basculer…..
Pour ceux, sujets aux scènes de ménage, la recommandation du titre ‘Te Fâche pas bb!’ vous concerne et, dites vous, je pourrais faire semblant, lui dire qu’elle a raison, alors que je sais pertinemment qu’elle a tort, rien que pour faire en sorte de relâcher la tension et d’empêcher de tout laisser valser dans le décor….
En attendant la promise, celle qui doit arriver comme l’indique ce titre le ’19-12′, les jours se succèdent, les nuits tout pareil, tantôt c’est l’euphorie, tantôt c’est le blues.
‘Epoque’, les temps changent mais ils ne suffisent plus, les beaux discours, y’a pas de doute, faut le comprendre coûte que coûte, question d’époque, question d’écoute.
Citons les musiciens qui accompagnent Eric Ter sur une majorité des compositions: Daniel Cambier à la basse et percussions, Merlin, Fred Sénéjoux, et Jean-Bernard LePape à la batterie ainsi que Paul Neto à la guitare sur ‘Coup de fil’.
Multi- instrumentiste, Eric Ter se taille la part belle à la guitare acoustique, percussions et keyboard sur 4 titres dont ‘Nouveau code’, texte très fort adressé aux élus qui nous gouvernent, cette comédie humaine qui revêt bien des doublures. Si l’histoire est la même, le style change de tournure.
Sur ‘Question Piège’, les paroles vous tiennent en haleine concernant tous ces gens qui ont l’air de… ils semblent avoir… mais en ont-ils? Petit frère, je sais que j’en ai pas, mais si j’avais un conseil à te donner, garde du temps pour apprécier la désillusion qui t’attend au tournant. Guitare vulgaire… Funk-it-up on the bass line!
La guitare acoustique de Eric Ter se la joue nostalgique et l’harmonica semble se moquer sur ‘Ta bille’, histoire de femme, je te revois allongée sur mon lit, bouteille à la main, racontant toutes ces conneries… tous ces souvenirs… il y en a eu plus de toute une clique.
Tout comme ce dernier titre de l’album, ‘Incroyable’. Eric Ter est seul aux guitares, à la basse, à la batterie et au synthétiseur, ce qui démontre qu’avec cet artiste hors norme, on peut s’attendre à tout. Incroyable, étonnant, innommable, effarant!
Dans ce nouvel album signé Eric Ter, ‘Voisine’, le blues, cette musique bleutée, se pare des différentes teintes de l’arc-en-ciel, la guitare flirte en toute liberté avec la pop et le rock, pour ne faire qu’une, musique intemporelle qui traverse les âges s’en prendre une ride. Chaque chanson est une fresque, le mot est une image et le verbe lui donne vie.
Je n’ai pas l’honneur de connaitre Eric Ter, du moins pas encore, alors je me pose la question, pour reprendre cette expression, peut-on “lui donner le bon dieu sans confession”…?
Mais sachez, lecteurs assidus de Paris-Move, je vous l’affirme, il faut absolument vous procurer cet album. Vous n’y perdrez pas votre latin, car la messe est dite en français. Vous n’aurez pas à plaider le faux pour savoir le vrai, car quand l’homme joue du blues, son âme dit la vérité. Cet album est une bénédiction sans aucune génuflexion.
Pour vous rapprocher, pour être au plus près de cette ‘Voisine’ qui, bientôt je l’espère, sera vôtre, vous pouvez téléchargez l’album et (surtout!) le commander sur le site officiel d’Eric Ter, ICI

Alain AJ-Blues
Rédacteur en chef adjoint – Paris-Move

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Eric Ter n’est pas du genre à chercher la lumière, à répondre à des interviews, à chercher à apparaître sur des plateaux télé pour faire sa promo ou à courir les rédactions des radios pour les inciter à passer ses albums. Plus discret et plus retenu que lui, tu meurs. Le mec fuit la lumière et est heureux dans l’ombre des projecteurs, préférant passer son temps à composer et à affiner chansons, textes et musique. Comme sorti tout droit de l’enfer, chaque album de ce musicien qui passe près de vous comme une ombre est un évènement. Une claque, une énorme baffe!
Sur “Voisine”, le ton est donné dès le premier titre. Langue de Molière oblige, avec cette voix qui semble sortir des ténèbres, Eric Ter nous plonge, par la force de ses textes, dans ce monde qui nous entoure, parsemé de désillusions, d’errances et d’espoir, mais aussi de petites attentions et de séduction. Avec ce nouvel opus, Eric Ter nous gratifie d’un enchaînement de compositions personnelles à couper le souffle. Car malgré cette discrétion qui le caractérise dans la vie de tous les jours, l’artiste est généreux avec son public, proposant sur ce très bel album autoproduit, des titres originaux à réveiller les ombres de ce blues incandescent qui touche au coeur et à l’âme. Avec “Voisine”, Eric Ter frappe un grand coup et s’impose comme un incontournable du blues gravé en français. Merci, Eric Ter pour cette invitation à un voyage bluesy qui ne laissera personne indifférent. Ange sorti de l’ombre dans laquelle il aime disparaitre pour composer un prochain album à l’éclat du diamant finement taillé, Eric Ter et sa Voisine nous ouvrent avec cet opus les portes de l’émotion pure. Indispensable, tout simplement indispensable.

Frankie Pfeiffer
Rédacteur en chef – Paris-Move