Eric Ter – Soundscape Road

Dixiefrog
Blues

Chronique publiée dans l’édition du mardi 7 mai 2013 du journal Le Monde:

Auteur dans les années 1980 de quelques disques proches de la chanson rock (famille Bashung/CharElie Couture), avant d’affirmer sa part blues rock, le guitariste et chanteur Eric Ter signe, avec Soundscape Road, un solide enregistrement. Electrisant, complet dans la diversité des approches stylistiques blues, rock, psyché (on songe parfois au Potato Land de Spirit), funk… Question guitare, les amateurs de Hendrix et surtout de Jeff Beck s’y retrouveront avec Eric Ter en instrumentiste idéalement complet.

S. SI.
Le Monde

 

Voilà la cinquième soucoupe volante du garçon, et c’est une bien belle surprise que ce Soundscape Road…! Avec des titres qui sont autant de clins d’oeil aux décades passées, et surtout aux seventies. Il faut dire que notre ‘Dandy Musicien’ n’en est pas à son coup d’essai. Créativité et liberté ont toujours été les marques de fabrique de ce gentleman de la six cordes. Précisons qu’il a écumé Carnaby Street, alors centre de gravité de la planète Pop-Rock, avant d’aller enregistrer des vinyles à Hérouvillle, là où enregistraient le Grateful Dead ou les Rolling Stones, qu’il a usé quelques paires de santiags aux States avant de revenir dans l’hexagone, et que les concerts qui l’ont le plus influencé sont ceux de Jimi Hendrix, Bob Dylan et Frank Zappa à l’Olympia. Un parcours et des références qui font plus que lui conférer une certaine légitimité! Quatorze titres sur ce nouvel opus dont un superbe Walking The Dog de Rufus Thomas que les Rolling Stones jouèrent en 1964 sur leur album ‘Rolling Stones’. Onze compositions et trois reprises qui sont une véritable bouffée d’air frais dans l’univers musical vicié dans lequel nous survivons.
Sur la cover d’un album précédent il s’affichait avec une guitare acoustique, cette fois il ouvre les hostilités avec une superbe Gibson SG et il achève le chapitre avec une Fender Stratocaster. Sa formule de prédilection, pour la formation qui l’accompagne, semble être encore le trio: lui au chant, à la guitare, à la batterie, aux claviers, aux percussions, à la guitare basse, à la steel guitare acoustique ou la guitare slide électrique (au choix), Daniel Cambier à la basse et J.B. Lepape ou Théodore Welch à la batterie, ou alors Nadir Babouri aux percussions. Et malgré ce joli petit monde, notre multi instrumentiste parvient quand même à enregistrer cinq morceaux tout seul…! Une manière de se libérer encore plus de toute forme de contrainte, sans doute, et de laisser son Blues prendre les formes psychés qu’il souhaite. Il est libre, Eric.

 

Et si on en reparlait? De cette révolution musicale venue de la côte Est des States et qui marqua des générations de groupes, de chanteurs et de compositeurs, cette musique dans laquelle Eric Ter alla se plonger, se ressourcer après avoir vécu quelques gamelles dans l’hexagone. Car c’est de cette musique là qu’est coloré l’univers de Soundscape Road. On se laisse embarquer par chaque titre et on plane, on s’envole, on plonge sans retenue dans un Blues psychédélique où le roots est superbement bien carrossé, comme sur cette sublime adaptation de Walking The Dog, l’un des grands moments de cet album qui semble hors du temps. Celui qui eut Mick Taylor comme guest sur un de ses premiers albums a, sur certains titres, le même toucher de guitare que l’ex-Rolling Stones. C’est la pure jouissance du Blues charnel et aérien à la fois.
Dans la tradition psyché, Eric Ter aligne les titres comme s’il jammait pour nous, avec cette faculté créatrice totalement unique, chaleureuse, immédiate. Comme le témoin ultime d’un Pop-Blues qui mettra le feu à toutes les collections passées, présentes et futures. Nonchalant à l’extrême, Eric Ter trace sa route, debout alors que tant d’autres ont mordu la poussière, nous proposant un album excellent de bout en bout. Indispensable, tout simplement!

 

Un CD qui s’adresse aux amateurs de vraie bonne musique en quête de nouveautés sonores et de routes insuffisamment empruntées. Excellent, vraiment excellent. Tout autre commentaire serait superflu, tout simplement.

Eric Ter