Eric Legnini & The Afro Jazz Beat – The Vox

Discograph
Jazz

Trois albums en un, serait-on tenté d’écrire après l’écoute attentive de cet opus qui nous immerge dans trois univers bien distincts les uns des autres. Premier univers avec le premier morceau, ‘The Vox’, à la tessiture jazz-rock indéniable qui emballe tout de suite la machine, la juxtaposition des cuivres et de l’orgue Hammond B3 y étant sans nul doute pour quelque chose. Ou pour beaucoup. Le séjour nord-américain du jeune pianiste belge a laissé des traces et son grand intérêt pour Herbie Hancock également. Cela nous donne un instrumental très persuasif qui ne laisse pas indifférent.

La transition avec le second track, ‘Joy’, où la voix particulièrement sensuelle et puissante de Krystle Warren envahit tout l’espace sonore, est néanmoins saisissante! Les sonorités d’un clavier d’orgue laissent suinter celles d’un piano tapi dans le fond de la salle obscure avant de devenir plus présent à partir de la troisième plage.
Les huit pièces restantes de l’album continuent d’embrasser parfaitement les deux autres atmosphères, ouvrant la porte à deux autres univers. Celui suscité par les cinq morceaux dans lesquels la chanteuse pose sa voix chaude et sensuelle sur des gammes de piano particulièrement légères et volatiles, et celui où Eric Legnini s’exprime sans l’apport de voix humaine, se confrontant aux seuls instruments en place. Ceux de Franck Agulhon, batteur-percussionniste, les percussions de Okutu Moses, la double basse et la guitare de Thomas Bramerie, la guitare électrique de Da Romeo, celle de Kiala Nzavotunga sur ‘The Vox’ et ‘Black President’, ou encore l’acoustique de Krystle Warren sur ‘Canyon Lady’. Sans oublier la logistique d’une section cuivres renforcée composée de Boris Pokora au saxophone ténor, à la clarinette basse, à la flûte et au sax baryton, de Julien Alour à la trompette et au flugelhorn, et de Jerry Edwards au trombone.

Trois univers qui vous feront passer de l’un à l’autre avec le plaisir de non seulement découvrir un artiste talentueux, mais aussi et surtout un monde musical où peuvent se croiser des atmosphères bien différentes, dans le respect total de l’une et des autres.
Profitons-en pour vous rappeler que ce compositeur-pianiste n’en est pas à son coup d’essai puisqu’il a déjà réalisé neuf albums sous sa signature, entre 1990, date de sortie d’Essentiels, et 2011, année de ‘The Vox’. A souligner aussi que des artistes comme Serge Reggiani, Henri Salvador et Claude Nougaro ont bénéficié de son talent. Eric Legnini était notamment présent lors de l’enregistrement au Studio Capitol de Los Angeles du dernier album de Claude Nougaro, sorti à titre posthume le 30 novembre 2004.

Mais cette chronique ne serait pas complète si j’omettais de vous glisser deux ou trois mots sur la jolie et talentueuse chanteuse Krystle Warren, de Kansas City, dans le Missouri. Elle qui a par ailleurs réalisé trois CD sous son nom, et dont la voix ne laissera personne indifférent!

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine
Eric Legnini and The Afro Jazz Beat