Jazz

Lorsqu’un éminent pianiste comme Eric Legnini décide de rendre hommage à la guitare, on ne peut que commencer par se poser quelques questions, car la démarche a de quoi surprendre. Mais pas avec Eric Legnini, car il faut en effet se plonger dans la biographie de l’artiste pour comprendre cet engouement pas si soudain que cela pour cet autre instrument à cordes, qui en possède beaucoup moins, 6 ou 12, que celui choisi par Eric Legnini, d’habitude: 230. Il y avait tout d’abord le fait que son père, grand fan de Django Reinhardt, l’avait abondamment immergé dans l’univers du talentueux guitariste, puis le fait qu’Eric ait ensuite croisé la route musicale de brillants guitaristes comme Philip Catherine ou Toots Thielemans, qui la manie aussi bien qu’il jouait de ses harmonicas tout au long de sa carrière. Avec un véritable retour au format acoustique et instrumental, Eric Legnini nous fait la démonstration qu’il n’a rien perdu de sa manière d’écrire la musique. Et c’est naturellement là l’essentiel. Sur ce très bel opus, 11 titres sont composés par le pianiste natif de Liège, excepté “Space Oddity”, écrit par David Bowie, et “Stompin’ At The Savoy” de Edgar Sampson. Vous prendrez un énorme plaisir à écouter ces 11 morceaux d’une durée totale de 47 minutes, interprétés par un Quartet inspiré avec Eric Legnini au piano, Rocky Gresset à la guitare, tout comme Hugo Lippi, et le fidèle Thomas Bramerie à la basse et qui a déjà été de deux aventures avec notre fameux claviériste. Avec “Six Strings Under”, la guitare est célébrée sous toutes ses formes: celle des standards comme “Stompin’ At The Savoy”, celle de l’Afrobeat, avec “Boda Boda”, de la Pop, avec “Daydreaming” ou de la Bossa, avec “La Mangueira”. Et tout cela par la magie du format piano + contrebasse + guitare qui confère à l’ensemble une forme inhabituellement épurée. Excellent album, et un grand “coup de coeur” de la rédaction de PARIS-MOVE…!

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)

PARIS-MOVE, September 11th 2019