Original sound tracks |
Il nous a quittés il y a moins d’un mois, mais la nostalgie turbine déjà à plein régime. C’est que du haut de ses 400 bandes originales et quelque, il Maestro aura indéniablement estampillé son demi-siècle de cinéma. Sans dépasser l’indéfectible complicité qui l’unit à Sergio Leone, celle qui le lia au réalisateur français Henri Verneuil constitue cependant un volet significatif de l’œuvre du compositeur et arrangeur romain. Depuis “Le Clan Des Siciliens” jusqu’à “I Comme Icare”, le Condottiere réalisa en effet les B.O. de cinq longs-métrages du maître du polar français, et celle-ci n’y démérite certes pas. À l’écoute de cette bande-son, on mesure quel rang la musique tenait dans cet ultime grand film d’action de Jean-Paul Belmondo, avant son aussi funeste que lucrative dégringolade populiste. Si “Peur Sur La Ville” fit au box-office le carton que l’on sait, les 45 ans qui nous en séparent permettent d’en considérer désormais Morricone pour l’un des acteurs majeurs. À des thèmes pop parfois proches des musiques de la library music psyché d’un Jack Arel, Signore Ennio juxtaposait ici à nouveau de ces rengaines des Pouilles (canzones dont il connaissait le patrimoine sur le bout des ongles), ainsi que des séquences empruntant sans complexe à la musique concrète, dissonances en tête. Alternant ainsi gaudriole furtive et climats oppressants, cette B.O. (bénéficiant d’un exceptionnel tirage limité au format double-vinyle gatefold, à l’occasion du prochain Disquaire Day) propose en outre une pleine moisson d’outtakes jamais encore édités à ce format, par delà le traditionnel leitmotiv sifflé qui jalonnait le déroulement du scénario. Un disque du grand Morricone que ne manquera assurément pas de célébrer la revue Schnock: des gens de goût auxquels il ne tient qu’à vous de vous joindre, un Cinzano-olive frappé à la main.
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, July 21st 2020