EMILY BARKER – A Dark Murmuration Of Words

Everyone Sang / Thirty Tigers
Folk
EMILY BARKER - A Dark Murmuration Of Words

Malgré son timbre et son physique juvéniles, l’autrice-compositrice-interprète australienne Emily Barker aligne déjà deux décennies de carrière avant même d’avoir atteint la quarantaine. S’il n’est certes guère élégant de commenter l’âge d’une dame, elle nous affranchit de ces scrupules sur son propre “The Woman Who Planted Trees” (“je connais mon âge grâce aux arbres qui m’entourent, et aux années que j’ai passées auprès d’eux”). Ce climat sylvestre et nostalgique se prolonge au fil du cri d’alerte écologiste “Where Have The Sparrows Gone?”, évoquant un Londres déserté par les moineaux. Si cet album ne s’avère être que son quatrième en solo, elle en dénombre déjà neuf autres, que ce soit avec son premier groupe au pays (the-low-country, sans majuscules), ou encore au sein de The Red Clay Halo, du trio Applewood Road et en duo avec Marry Waterson. Elle est surtout connue au Royaume-Uni pour le générique de la série britannique “Wallander” (avec Kenneth Brannagh), dont son “Nostalgia” constitue la bande-originale. Souvent mélancolique et réflexif (interrogeant à la fois l’avenir sur “Strange Weather”, où une femme enceinte s’excuse d’avance auprès de son enfant des temps troublés en lesquels elle s’apprête à l’accueillir, et le passé avec “Machine”, où elle prête vie à la statue d’un général confédéré, afin qu’il explique avec quel soin pervers il réécrivit l’histoire pour dissimuler ses exactions au temps de l’esclavage), cet album à la production délicate (les six cordes acoustiques de Miss Barker ne s’y rehaussant que d’un violoncelle ou d’un piano, voire sporadiquement de percussions discrètes) n’est toutefois pas exempt de quelques notes d’espoir (“When Stars Cannot Be Found”, “Any More Goodbyes”). Le compagnon idéal du premier thé du matin, ou de encore celui de cinq heures lors d’un après-midi gris. Bref, pour le boogaloo, vous repasserez, mais si vous cherchez l’apaisement, vous êtes à la bonne adresse, comme en témoigne le touchant “Sonogram” final, où le timbre virginal d’Emily Barker s’exprime à son zénith, sur un simple accompagnement de piano.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, August 28th 2020