World Music |
Cet album est une forme douce de rêverie en poésie romanesque et world music, pour en comprendre les origines, il faut commencer par le début, Nilsson et Leibson publieront Quila Quina -40°17’38.21”N, -71°45’68.48”S, qui s’appuie sur la vision de son prédécesseur, Coast Redwoods 41°32’09.8”N 124°04’35.5”W. Cette fois, Atlas of Sound se concentre sur Quila Quina, dans la région patagonienne d’Argentine, dans la province de Neuquén. Les coordonnées dans les titres marquent l’emplacement exact de la conception de la musique. Nous voici prévenus, voyage, dépaysement, un décor que la flute a elle seule impose avec une délicatesse presque angélique soutenu au piano par un Santiago Leibson très inspiré, bien entendu, on peut ressentir leurs inspirations classiques, Eric Satie jamais bien loin dans les ambiances larvées, il nous faut entre dans ce décor, puis se laisser porter en pirogue… Quila Quina se trouve sur la rive sud du lac Lacár, accessible uniquement par une route de gravier ou un ferry depuis San Martín de los Andes. Elle est située sur les terres du parc national, en collaboration avec la communauté Mapuche qui y vit. Alors que le parc national était en cours de création par la colonisation, de petites parcelles de terre étaient simultanément achetées par des non-autochtones, et l’exploitation forestière est devenue l’industrie principale. Nilsson est arrivée là quelques jours avant la fin de l’année 2023, pour une résidence d’écriture à Project Oasis, sur invitation de Maryella Marie et de sa partenaire Guillermina Fumagalli. Dès son arrivée, ses hôtes lui ont organisé une visite guidée avec un homme nommé Guary Valenzuela — le plus jeune de dix enfants dans une famille Mapuche qui revendique ces terres ancestrales.
Mais ne nous y trompons pas, s’il est aisé d’écouter cet album, qui musicalement est complexe, c’est grâce au génie de ces deux artistes qui au niveau des arrangements arrivent à nous tenir par une forme de dialogue perceptible entre les deux musiciens, un travail comme celui-ci n’est pas le fruit du hasard, il faut porter en soi un amour profond, non seulement de la musique mais aussi de la découverte et de l’aventure. Plus nous écoutons d’albums de ce niveau, plus nous devenons sélectifs et nous ne sommes pas les seuls à penser que nous sommes devant une instrumentiste exceptionnelle, d’autres médias spécialisé jazz font le même constat :
“C’est aussi proche que vous pouvez être d’y être sans y être réellement, et c’est un autre projet intrigant de Nilsson qui aborde des thèmes d’expérience, de mémoire et d’interconnexion.” — Dave Sumner, “The Best Jazz On Bandcamp, avril 2022”
“Elle est le choix logique pour apporter l’étape nécessaire à son instrument dans le monde du jazz et de la musique improvisée.” — Paul Rauch, All About Jazz
On se laisse agréablement capturer dans cet univers et sans s’en rendre compte ou réécoute un nombre de fois incalculables cet album, de peur d’avoir perdu, ici ou là, un moment particulier, tant on ne maitrise pas nos émotions et nos sentiments dans cette œuvre. Le livret de cet album, lui aussi très inspiré ou inspirant, c’est selon… Textes, photographies, peintures, tous vous plongent dans la création de cet album et des œuvres qu’il contient et il faudrait être bien difficile pour ne pas se laisser séduire.
Si pour vous, l’art coule dans vos veines, qu’il vous semble essentiel, cet album vous paraitra “Indispensable”.
Thierry De Clemensat
USA correspondent – Paris-Move and ABS magazine
Editor in chief Bayou Blue Radio, Bayou Blue News
PARIS-MOVE, October 9th 2024
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