Et voila un opus qui a le mérite de nous proposer avec brio ce qui est d’habitude un exercice très casse-gueule, le mélange de chansons en français et en anglais, quand ce n’est pas le périlleux mix de paroles dans les deux langues dans la même chanson. C’est d’ailleurs avec cette prise de risque très osée que débute l’opus de la belle Elodie Ruillier, avec la chanson ‘En anglais’, et faut reconnaître que même si cette chanson penche plutôt du côté variété malgré le somptueux solo de guitare de François Bodin, la chanteuse se sort fort bien du piège de l’alternance de paroles en français et en anglais.

 

La suite de l’album vous propose des ballades aux teintes romantiques à vous faire fondre le sucre qui vous sert de cœur, et des titres beaucoup plus punchy qui vous font remettre les santiags et le cuir de votre cœur de rockeur.

 

Côté ballades, Elodie vous en propose des douces, comme ‘Pour me réconcilier’, des fondantes avec ‘Never When I’m Awake’, un truc à vous faire glisser quelques larmes en cachette, et de plus touchantes encore, comme ‘One Slight Chance’, qui vous fera craquer, frissonner, plier comme un roseau sous l’orage. Un sentiment intense vous prend aux tripes tandis qu’Elodie vous chante dans le creux de l’oreille et que François Bodin vous envoie un solo de gratte assassin. Vous étiez prévenus: one slight chance.

 

Côté titres qui pulsent, envoyez-vous ‘Mon diable à ressort’ ou ‘I Can’t Do No More’, sans oublier le fougueux ‘Louisiana’, et là, vous prenez votre dose de remontant pour la journée, voire pour la semaine, tant ces titres vous donnent la patate. Certains diront la banane, soit, mais indiscutablement l’un des points fort de la belle Elodie est d’avoir su s’entourer de fines lames qui contribuent à la qualité de cet album et dont le jeu acéré dans les titres plus rock est d’une efficacité redoutable: Franck Sitbon aux claviers, François Bodin aux guitares, Thierry Chauvet à la batterie, Marc Perrier à la basse et Gérard Carocci aux percussions.

 

Quand vous saurez que dix titres sur onze sont cosignés Elodie Ruillier vous aurez compris que non seulement la chanson française dispose d’une nouvelle et très belle voix, mais aussi d’une plume qui sait écrire des chansons qui vous touchent là, au corps et au cœur. Une sorte de Jean-Jacques Goldman au féminin, oserai-je même dire.

 

Presque sûr qu’après avoir entendu ‘Affranchie’ vous n’écouterez plus la chanson française de la même manière, surtout après avoir chialé sur ‘Une infime chance’, chanson-slow superbe qui fera, en plus, des ravages dans les soirées dansantes.

 

Frankie Bluesy Pfeiffer