ElectricDiva

Promise Land – Codaex
Rock

Dès la réception du CD, je le glisse dans la fente de mon lecteur et fais glisser la souris dans la fenêtre de Google. Direction la page MySpace de cette ElectricDiva. Au moment où j’atterris sur la page web, les premières notes claquent. Et tandis que le premier titre m’attire vers les enceintes en me tenant par les hanches, sur le site, on m’annonce que la Diva ne sort qu'à l'heure bleue, ‘quand la nuit aspire le jour et que le jour respire la nuit’. L'heure bleue, ce moment suspendu qui fait écho à la célèbre ‘blue note’, la musique du diable. Celui-là même que j’ai rencontré il y a plus de trente cinq ans, fumant du Hendrix en écoutant du John Lee Hooker. Ou l’inverse, je ne sais plus.

A l’heure où Denis Hopper nous quitte, laissant son Easy Rider sur le bas côté de la route, je songe à cette ElectricDiva, croisement d’Afrique et d’Amérique que le Denis aurait bien embarqué à l’arrière de son chopper, j’en suis sûr, qui m’attire là où le décor devient propice à l'expérimentation, là où se mélangent blues, pop et jazz, rock progressif et ‘kcor’ psyché-déjanté façon Syd Barrett.

La voix de Deborah Benasouli, puissante et rageusement sensuelle, vous prend aux tripes et aux neurones, telle une amazone sûre de son fait. La voix ne gifle pas, elle foudroie. Elle n’égratigne pas, elle griffe. Vous en porterez la cicatrice et serez marqués à vie.
Avec elle, autour d’elle, tournoient Philippe Crab (guitares, bouzouki), Alexandre Saada (Fender, orgue, piano, carcabou), Jean-Daniel Botta (basse, bouzouki, gumbri) et Laurent Sériès (batterie, percussions, carcabou), une tribu qui voue un culte à cette ElectricDiva dont la silhouette se dessine au dos du livret et que l’on doit au graphiste Etsuko IIDA.

Particulièrement raffinés, les arrangements mêlent des sonorités blues ensoleillé à de la soul raffinée et de la pop libérée. Un travail de finition auquel Jean-Paul Gonnod (enregistrement et mixage au Studio de Meudon) et Raphaël Jonin (masterisation) ont apporté leur touche fusionnelle.

Certains évoquent les King Crimson et Pink Floyd pour définir le paysage sonore dessiné par cette ElectricDiva, mais ce serait zapper certaines envolées triturées à la Genesis, des ponctuations altérées façon Ange ou des filaments de Grateful Gead emmêlés dans des barbelés d’un jazz devenu free. Free comme un Denis Hopper ayant garé sa bécane sur le bas côté, du Hendrix plein les oreilles et le sable de l’Orient dans les yeux. Bouzouki et carcabou viennent s’infiltrer entre guitares et claviers, laissant les instruments s’accoupler pour un délire de musicalité finement déjanté.

‘Born To Be Wild’, de Steppenwolf, était l’une des signatures de Easy Rider, ‘Where My Heart Lies’ est l’une des signatures d’ElectricDiva, que j’imagine déjà chevauchant le chopper de Billy, notre regretté Denis Hopper.

Frankie Bluesy Pfeiffer
www.myspace.com/frankiebluesy

A consulter:
http://www.myspace.com/electricdiva

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