Dans les avions, la mode n’est plus aux fameuses ‘Business Class’ et le ‘low cost’ s’est imposé, pour les vols comme en alimentation, pour les fringues comme en musique. Car ‘low cost’ ne signifie plus ‘bas de gamme’ mais ‘autrement’. Catalogué ‘low class blues’, cet album concocté par le duo Jack Bon et Eric Delbouys est de la même veine que ces produits ‘low cost’: incontournable, et à sa manière, ‘top class’, rien que ça.

 

Au fait, dois-je encore vous présenter Jack Bon, leader de Ganafoul, power-trio qui a marqué le rock français des 80’s avec notamment 6 albums au boogie-rock bien torché, avant que le bon Jack ne reprenne la route en solo puis de croiser celle du batteur-percussionniste Eric Delbouys. Un batteur-compositeur-arrangeur fan de John Bonham, le cogneur du Zeppelin, mais aussi un touche à tout qui l’a amené à participer à des projets en compagnie de Bernard Lubat ou Bernardo Sandoval.

 

Cela va faire une bonne dizaine d’années que Jack et Eric collaborent sur divers projets, à la scène comme en studio, et c’est donc tout naturellement qu’ils ont gravé cette amitié dans le marbre en enregistrant un opus sous le nom d’Electric Duo. Un nom qui colle parfaitement à ce que les deux lascars proposent au travers de cet album. Car duo, ils le sont, et ‘electric’, ils le sont totalement, les doigts fichés dans la prise.

 

La couleur de l’album, fortement bleutée, est traversée de nervures rouge vif rock et de jaune électro. Après les 13 titres avalés cul sec, on se demande déjà combien de potes le duo avait invités pour assurer les accompagnements car vous avez droit sur quelques titres à un tel déluge de guitares, percus, batterie et autres harmos et guembri qu’on les voit bien tous ensemble, à six ou huit, à envoyer la sauce en studio.

Ceci étant, la preuve vous est donnée dans le livret, tel un certificat de garantie, que tout ce que vous avez pris dans les oreilles, de ‘World of pain’ à ‘Pick a bale of cotton’ est assuré par les deux compères, Jack Bon et Eric Delbouys. Et je peux vous dire que ca dégage, surtout que l’enregistrement est fait style ‘ambiance bar’, avec ce côté proximité des artistes, à en toucher les instruments.

Entre les compos signées par Jack Bon seul ou avec Eric Delbouys, vous prendrez dans la tronche de solides versions de deux titres signés Willie Dixon: ‘I ain’t superstitious’ et ‘Meet me in the bottom’, deux versions dopées à l’electric-duo, pas loin de faire sauter les fusibles.

 

De toute façon, dès la première écoute, ce Low Class Blues’ va vous faire fondre les plombs. Vous pourrez alors vous le repasser en boucle, sans ceinture de sécurité, les doigts dans le nez pendant que Jack et Eric les garderont dans la prise, vous assurant le plus beau vol blues ‘low cost’ que vous pourrez vous payer.

 

Un opus à la mesure de la démesure des deux potes: électrique, démentiel, essentiel, tout simplement.

 

Frankie Bluesy Pfeiffer