Eldorado – Golden

(Bad Reputation)
Rock
 Quelle injustice, pourrait-on dire et répéter sans fin lorsqu’une fois passé les Pyrénées, on entend rugir le rock ibérick, comme si la frontière musicale entre l’hexagone et son voisin sudiste était cette barrière rocheuse et que de part et d’autre on n’avait pas droit au rock des groupes nationaux réciproques.
 
Ceci étant, ce n’est pas cette sorte de frontière intellectuelle qui brida le petit label français qui arrache, Bad Reputation, car comme de toute façon sa réputation, il se la porte avec son nom, il alla farfouiller dans ce rock ibérick qui monte pour nous ramener un groupe de jeunes rockeurs au nom prédestiné, Eldorado, même si les grincheux vous diront que l’ego de ces jeunots est un peu ‘trop’.
Voyons: Eldorado. Pour porter pareil nom de groupe, faut avoir les couilles et les avoir bien assurées, car on vous attend au tournant, et grave. Surtout une fois franchie la cime des Pyrénées.
 
Alors, comme le veut la tradition, c’est avec attention qu’on a enfilé la galette dans le lecteur, monté les potards et attendu le premier morceau, car faut dire qu’en France on a Johnny comme rockeur étalon, dixit les télés et les radios, alors gaffe aux p’tits jeunots qui s’la jouent, surtout s’ils sont même pas français.
 
Dès le premier morceau, ‘The House Of The 7 Smokestacks’, ca envoie, et grave. La voix du chanteur, Jesus (cela ne s’invente pas) Trujillo, vous fracasse les médiums et vous êtes bons pour basculer sur des enceintes dignes de ce nom. La guitare de Nano Paramio est cinglante, et le mec promet, déjà de belles envolées dans les morceaux suivants. Quant à la rythmique, c’est du béton, du béton armé et coté aux normes antisismiques, c’est vous dire combien ca résiste à tout les traitements sur chaînes hi-fi.
 
L’intro du second morceau ‘The Rocket Song’, fera bondir, yeahhhh, les ados boutonneux en manque de plans pour épater potes et copines car ça flingue, simple et clean, mais diablement efficace et ca vous colle une image de gratteux pas possible. Si, en plus, vous trouvez des potes pour assurer la rythmique et le chant, z’avez tout gagné et vous y allez, vous aussi, vers votre Eldorado.
 
La galette est ainsi truffée de super titres, dont une très belle reprise de ‘I Don’t Need No Doctor’, mais à dire vrai, y’a un os, sur cette galette, et cet os à ronger jusqu’à ne rien laisser, c’est ‘Atlantico’, un rock au rythme lent à faire frissonner les Black Sabbath et autres Aerosmith tant les mecs ont trouvé le truc, le truc zénorme qui vous scotche sur le fauteuil, la gueule grande ouverte, la bave au coin des lèvres en écoutant le Nano vous plaquer un solo d’anthologie. Le truc monstrueux façon ‘Stairway To Heaven’ des Led Zep, le truc qui vous décalque et vous plie en quatre pour mieux vous déplier et atteindre le nirvana. Que dis-je, l’Eldorado.
 
Un putain de groupe que cet Eldorado, et qui le mérite bien, son Eldorado, même chez nous, en France.
 
Frankie Bluesy Pfeiffer
Eldorado