Funk

Posons d’emblée ce postulat: Leon Michels est cinglé. Ce saxophoniste, claviériste (et pour tout dire multi-instrumentiste) new-yorkais forma son premier band, les Mighty Imperials, à seize ans à peine. En 2001, tandis que ce lascar pointait encore au lycée, sortait leur premier album, “Thunder Chicken”, avec ses poteaux Thomas Brenneck et Howard Steinweiss. Soit l’ossature en germe des labels Desco, Dunham puis Daptone, d’où allait déferler tout le courant néo-soul de l’aube du millénaire naissant. Successivement membre et pilier des Dap-Kings (orchestre de la regrettée Sharon Jones), du Menahan Street Band (celui de Charles Bradley), ainsi que des Expressions de Lee Fields, mais aussi du Budos Band, le gonze fonde dès 2004 son premier label, Truth & Soul, tout en assemblant l’un de ses maints projets parallèles, El Michels Affair. Et tant qu’à faire, son propre studio aussi (Diamond Mine), dans le borough multi-ethnique de Long Island, d’où émerge à présent Big Crown Records. Quatre albums, deux EPs et quinze ans plus tard, ce conglomérat de fins limiers, rompus aux arcanes des sons vintage et analogiques de la soul et du funk les plus obscurs, nous revient avec un nouveau projet aussi déroutant que séduisant. Après avoir consacré deux albums à revisiter le répertoire du Wu-Tang Clan (les samplers et sans reproche du Bronx), puis l’an dernier, un plein LP de vrais-faux thèmes de musiques de films (à faire passer “Jackie Brown” pour un court-métrage d’art et d’essai), il nous sert à présent une pleine plâtrée de thèmes évoquant une hypothétique manne de B.O.s turkmènes et anatoliennes, au sein desquels se seraient subrepticement glissés quelques soundtracks de Bollywood. S’étant entiché des mélismes en hindi de la chanteuse Piya Malik, il lui concède le micro sur cinq des 17 plages ci-proposées, et l’ensemble exhale son pesant d’épices exotiques, tout en assumant un côté seventies kitsch revendiqué (jusqu’à Francis Lai et François de Roubaix, comme en témoignent “Ala Vida” et “Lesson Learned”, voire Giorgio Moroder sur “Murkit Gem”). Relents de curry (“Fazed Out”), paprika et basmati à tous les étages: c’est l’année du dhrupad et bol tan funk!

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, February 9th 2021

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Le groupe de Funk, Hip Hop, Jazz et de Soul est américain et originaire de New York. L’artiste à l’origine de cette formation n’est pas un inconnu, car il s’appelle Leon Michels et c’est lui qui possède le label Big Crown Records. Il jouait initialement avec The Mighty Imperials avant de constituer sa propre formation en 2002. Il a d’abord été chez Daptone Records avant de cofonder Truth & Soul Records, puis son propre label. Il a 5 albums à son actif: Sounding Out The City, en 2005, Enter The 37th Chamber, en 2010, Return To The 37th Chamber, en 2016, Adult Themes, en 2020 et Yeti Season en 2021, sans oublier 2 EPs et 13 singles. Les membres de la formation sont Leon Michels, clavier, Nick Movshon, bassiste, Homer Steinweiss, batteur, Thomas Brenneck, guitare, Michael Leonhart, multi-instrumentiste et trompettiste, Todd Simon, multi-instrumentiste, arrangeur et trompettiste, Tobias Pazner, piano, et Aaron Johnson, guitare. Sur cet album Leon Michels invite plus particulièrement deux chanteuses de son label: la chanteuse indienne Piya Malik, membre du groupe 79,5, et Shannon Wise, bassiste et chanteuse du groupe The Shacks. Ces deux superbes voix se fondent merveilleusement bien dans l’atmosphère distillée par le groupe. Finalisé pendant le tragique confinement de l’année dernière, cet album est résolument optimiste grâce au fabuleux assemblage de notes et d’harmonies qui le caractérisent. C’est mélodique, exotique, hypnotique et atmosphérique! On se laisse bercer jusque l’ivresse par cette musique apaisante bien que puissante et rassurante! Une véritable thérapie musicale en 17 morceaux, dont 6 bonus.

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)

PARIS-MOVE, February 9th 2021

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L’album de EL MICHELS AFFAIR, “Yeti Season”, est à commander sur leur Bandcamp, ICI