ED DUPAS – The Lonesome Side Of Town

Road Trip Songs
Americana

Né à Houston, Texas, Ed Dupas grandit à Winnipeg, dans l’État du Manitoba (Canada), au sein d’une famille religieuse portée sur la pratique musicale. Voici son troisième album, placé sous le signe du chiffre 11: onze compositions originales, qu’il interprète avec le concours d’une dizaine de complices, au rang desquels figure le poly-instrumentiste Michael Crittenden (qui produit également le tout). Revenu s’établir aux States (Ann Arbor, Michigan, patrie originelle des Stooges et autres MC5), Ed Dupas a enregistré la plupart de ses parties dans son propre home-studio, tandis que les rythmiques et la majorité des autres apports musicaux le furent dans une ancienne église réaménagée en complexe d’enregistrement, par la grâce d’échanges de fichiers via le net. C’est sans doute ce qui confère à cette galette une part de sa profondeur et de son intimité, et c’est patent dès la plage titulaire qui en ouvre le registre. Enre Ramblin’ Jack Elliott, Steve Earle et le regretté Jimmy Lafave, le southern drawl d’Ed Dupas fait merveille sur le tapis que lui tissent steel guitars filant dans le crépuscule, dobro et orgue Hammond B3 façon “Blonde On Blonde”. C’est particulièrement flagrant sur des ballades countrysantes telles que “It All Sounds Like Leaving” ou le splendide “Lonely” (évoquant toutes deux l’époque bénie où les Stones s’inspiraient du regretté Gram Parsons). Il arrive à ce brave Ed de prendre la mouche quand il aborde la politique de son pays (le remonté “State Of The Nation”), ou encore qu’il admoneste une nouvelle amante (“Love Me Right”), mais c’est la mélancolie des grands espaces, où la solitude n’apparaît que plus mordante (“Both Hands On The Wheel”, “The Things I Miss”, “Hypnotized”, “It Tears The Heart Right Out Of Me”), qui domine ce disque qui n’aurait pas déparé les soundtracks de films tels qu'”Into the Wild” ou “Secret Of Brokeback Mountain”. The sound of a lonesome cowboy, far away from home, comme le chantait si bien Lucky Luke à la fin de chacune de ses aventures: a great american(a) record.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, October 30th 2019