EAMONN McCORMACK – Storyteller

BEM Records
Blues-Rock
EAMONN McCORMACK - Storyteller

Si le lay-out de sa pochette évoque celle du Photo-Finish de feu Rory Gallagher, il ne faut y voir ni simple coïncidence, ni pastiche délibéré. Car Eamonn McCormack est natif de Dublin, et après avoir côtoyé un temps son idole et mentor (l’ex-leader de Taste figurait même en guest sur son second album), l’influence de ce dernier traverse à la fois son jeu de guitare et ses compositions. À son retour d’un séjour aux States, il fit ses débuts en tant que sideman de quelques légendes bataves telles que Jan Akkerman, Eelco Jelling et Herman Brood, avant de se lancer en Irlande à la tête de son propre trio, sous le pseudonyme de Samuel Eddy. Deux albums virent le jour sous cette appellation en 1994 et 1995 (sur le label teuton SPV), précédant un hiatus discographique de 13 ans, depuis le terme duquel il se produit désormais sous son identité réelle. Deux autres albums suivront (Kinded Spirits en 2008, et Heal My Faith en 2012), mais il fallut encore huit ans pour que ce Storyteller leur apporte une succession. Son titre s’avère approprié, puisque le “The Great Famine” introductif relate l’épidémie de charançon qui affama la population de la verte Érin au mitan du XIXème siècle (y suscitant une émigration massive vers les États-Unis). Le reste de son registre se cantonne hélas trop souvent aux clichés dont n’est friand que le public des bars routiers (la route, les filles d’un soir et les Harleys), quand il ne s’agit pas de prier pour le futur de nos enfants… “Tie One On” assume tellement la marque du roi Rory (boogie avec slide virevoltante à l’appui, et arômes country et celtes par dessus) que notre Philippe Ménard national pourrait tout aussi bien l’endosser, et les rocking “Cowboy Blues”, “With No Way Out”, “South Dakota Bound”, “Make My Move” et “Cold Cold Heart” (sans relation avec le standard homonyme de Hank Williams) ne dépareraient sans doute pas son répertoire non plus. L’ombre quelque peu baloche d’une autre icône irlandaise, Gary Moore, ternit hélas les slows convenus “In A Dream” et “Every Note That I Play” (dont les paroles se révèlent à peine dignes de notre Herbert Léonard, et les soli, du premier shredder de service). Captées en Allemagne dans le studio d’Arne Wiegand, ces onze plages bénéficient (outre la section rythmique dEamonn) des claviers bienvenus de ce dernier. Eamonn McCormack appartient à la cohorte de ces méritants soudards trop souvent méconnus (tels Steve Summers et consorts), qui perpétuent encore, soir après soir, la flamme du blues-rock essaimée depuis les seventies, et qui ne s’éteindra sans doute qu’à la disparition du dernier fan de Thin Lizzy et Ten Years After.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, July 28th 2021

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