DYLAN TRIPLETT – Who Is He?

Vizztone Label Group
Soul blues
DYLAN TRIPLETT - Who Is He ?

En dépit d’un blase à coucher quelque part entre Duluth et Belleville, Dylan Triplett ne sort pas de nulle part: il est de Saint-Louis, Missouri (premier État à abroger les effets de l’arrêté “Roe v. Wade” de 1973, remettant ainsi en cause la liberté des femmes à disposer de leur corps), tout comme Chuck Berry, Little Milton, Tina Turner, Miles Davis et Nikki Hill. Fils et neveu de musiciens, cet ex-enfant prodige se produisait déjà dans les clubs locaux dès l’âge précoce de neuf ans, sous le surnom de Little Dylan (et parfois aux côtés d’un autre surdoué à peine plus âgé que lui, Marquise Knox). Le titre de son premier album (emprunté à celui qu’il y reprend de Bill Withers) fait également écho au casting qui l’entoure: un véritable who’s who en l’occurrence. Tenez vous bien: on y reconnaît respectivement aux guitares le prodige Christone “Kingfish” Ingram (sur deux plages), ainsi que Sean McDonald, Johnny Lee Schell et Dr. Wayne Goins (qui co-produit le tout avec Larry Fulcher, également bassiste de bout en bout), tandis que les claviers y sont assurés par le légendaire Mike Finnigan et que les parties de cuivres bénéficient de la conduite et des arrangements de Joe Sublett. Dès “Barnyard Blues”, son puissant shuffle introductif, on mesure à quel point son timbre naguère encore juvénile s’est mué en une tessiture à la fois soul et rauque, à même de remuer les auditoires les plus blasés. La plage titulaire (“Who Is He (And What Is He To You)”) le révèle plus modulé, dans un registre proche de Marvin Gaye (qu’il évoque davantage encore sur sa brillante reprise du “That’s The Way Love Is” de Whitfield et Strong), de même que le languide “Brand New Day – Same Old Blues” (avec le piano délicat de Ryan Marquez et la slide sensible de Tru Born), et le très Temptations “Dance Of Love” (circa David Ruffin et Eddie Kendricks). Le jeune Triplett compose également, mais si le premier de ses originaux, “Junkyard Dog”, s’avère un jump shuffle de facture somme toute classique (bien qu’illuminée des licks d’un McDonald et d’un Finnigan en verve), le second (“I’ll Be There Waiting” ne renverse pas davantage la table (si ce n’est par son interprétation, proche des classiques du grand Sam Cooke). Le “She Felt So Good” de Jimmy McCracklin bénéficie des soli enfiévrés de Sean Mc Donald, ainsi que des apports conjugués de l’orgue d’un Finnigan toujours vert, et des ivoires de Marquez. Autant à l’aise dans les registres soul que blues, Dylan éructe avec gusto le “Feels Good Doin’ Bad” de Lonnie Brooks (avec Kingfish de retour aux guitar-licks qui scalpent, et Ryan Marquez au barrelhouse façon Johnnie Johnson). Ce remarquable premier album se clôt  sur une épatante funky cover du “All Blues” de Miles Davis (auquel Oscar Brown Jr. prêta sa plume), dont Dylan scatte le pont comme Al Jarreau. À son écoute, vous n’en douterez plus: this young man is definitely here to stay!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, July 9th 2022

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