DYLAN LeBLANC – Coyote

ATO Records
Americana
DYLAN LeBLANC - Coyote

Rejeton d’un père musicien et songwriter affilié à l’écurie des fameux studios Fame (Muscle Shoals, Alabama), Dylan LeBlanc publia son premier album chez Rough Trade en 2010, alors à peine âgé de vingt ans. Trois autres livraisons plus tard, le revoici à présent pour son cinquième à ce jour, avec lequel il accomplit un nouveau pas déterminant. En effet, après avoir bénéficié jusqu’alors des talents de producteurs tels que Ben Tanner et John Paul White (ce Dylan-ci semble en effet très “into white”, comme le chantait jadis le futur Ysuf Islam), il en assume cette fois seul la production (avec le renfort de son père James, et de l’ingé-son maison Spencer Coats). Plus que jamais “at home” dans ces lieux empreints de légende, il propose un disque à thème en 13 vignettes (plus personne n’emploie plus de nos jours le terme suranné de concept-album), dont il co-signe un tiers avec son paternel (qui officie également à ses côtés aux guitares électriques et acoustiques, ainsi qu’à la mandoline et certains claviers). Et ce thème n’est autre que celui, éternel, de la culpabilité, de la fuite, et de la quête d’une rédemption. Dès l’éponyme introductif, on retrouve, magnifié, le timbre vocal sensible, haut et clair, qui nous avait d’emblée séduits, ainsi que ce beat en mid-tempo placide, entre le Neil Young de “After The Gold Rush” et le J.J. Cale de “Naturally”. Ciselés au cordeau, les arrangements de cordes et de claviers enluminent davantage encore le splendide “Closin’ In”, évoquant les riches heures du Loner au sein du lointain Buffalo Springfield, ainsi que celles des Beach Boys de “Surf’s Up”. Portées par un picking omniprésent et délicat, des plages telles que “Dark Waters”, “Dust”, “Forgotten Things”, “No Promises Broken”, “Hate” et “Wicked Kind” confirment l’empreinte profonde qu’exerça sur le jeune LeBlanc l’influence du caractériel de Toronto. Ce vibrato haut perché, ces chœurs et ces climats éthérés: on n’a en effet guère ouï plus proche de CSNY depuis l’antique premier effort de ces expats d’America (faut-il rappeler que la propre mère du Neil en question se laissa abuser quand elle entendit “A Horse With No Name” à la radio?). Si quelques pépites telles que “Stranger Things” évoquent encore la geste du James Taylor de “Sweet Baby James” (et “Telluride” la langueur d’un Chris Isaak qui se produirait incongrument avec les Eagles – dont “Human Kind”, “The Crowd Goes Wild” et “Outside” accusent également la trace, même si la trame de ce dernier décalque manifestement celle du “Bringing It Back (From Mexico)” de John Weldon Cale), voici un album que nous recommanderons toutefois en priorité aux zélateurs de “Expecting To Fly”, “The Old Laughing Lady” et “Last Trip To Tulsa”. On ne parle pas ici de vil plagiat, mais d’inspiration majeure et confondante.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, October 29th 2023

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