Alternative Rock, Americana

Curieux tout de même, comme la plupart de ces parangons d’un croisement entre Americana et une certaine idée de l’avant-garde finissent au bout du compte par sonner quelque part entre le Neil Young & Crazy Horse de “Everybody Knows This Is Nowhere” (“Motorcycles”, “Mystics”,”To My Daughters”, “Forgive Me”) et Leonard Cohen (“Holy Child”)… Daniel Johnston (qui prèfère qu’on l’appelle Duquette, quelle drôle d’idée) fut d’abord repéré au sein de Verbena (formation de Birmingham, Alabama) par le magnanime Dave Grohl, qui produisit leur second album (et leur premier sur une major) en 1999, avant leur dissolution en 2003. Quand son épouse contracta une sévère infection en donnant naissance à leur premier enfant, ce brave Duquette mit ses activités musicales en suspens pour se consacrer à sa famille, tout en développant un business associant une ligne de prêt à porter et une galerie d’art. C’est en s’acoquinant avec Steve Shelley (drummer de Sonic Youth) et le producteur John Agnello (Dinosaur Jr, Parker Millsap, Son Volt) qu’il s’est remis en selle pour ce quatrième album solo, dont la gestation remonte à 2017. “Run With The Bulls” évoque les Byrds de “Fifth Dimension”, tandis que “Fortunate Ride” charrie son pesant de “Blonde On Blonde” et d’Alex Chilton circa Big Star, et que le “Tonight” conclusif en remontrerait même au Billy Corgan de “Mellon Collie & The Infinite Sadness”. On conviendra qu’il est sans doute lieu plus propice pour fonder une communauté artistique que Birmingham, Alabama (bled sudiste où s’éteignit voici un quart de siècle, et dans l’indifférence quasi-générale, le pourtant exceptionnel trio blues-rock Gravy). Ceci n’en rend cet album que plus précieux.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, January 26th 2022

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Duquette Johnston “Year to Run” (OFFICIAL VIDEO):