Blues |
Depuis que Professor Longhair a replié son calumet, le Syndicat d’Initiative de New-Orleans se devait de nommer un nouvel ambassadeur pour la ville. Les impétrants se bousculaient dans les méninges du conseil municipal: Fats Domino? Dave Bartholomew? Les Neville Brothers? Chief Monk Boudreaux? C’est que la Crescent City n’a jamais manqué de personnalités hautes en couleur… Sans que la nomination ne prenne tournure officielle, une évidence s’est finalement imposée. Qui, depuis plus d’un demi-siècle, incarne le mieux le caractère mulâtre, vaudou, barge et bon vivant, de la capitale louisianaise? Bon sang, mais c’est bien sûr: Dr. John! Apôtre consacré du fameux second-line beat qui rythme le coeur de la cité, Mac Rebennack hante depuis si longtemps les carrefours des musiques afro-américaines qu’il en est devenu emblématique. Quinze ans après “Duke Elegant” (album hommage à Duke Ellington), le bon docteur tire à présent son chapeau emplumé à l’une des statues de commandeur de sa ville natale: Louis Armstrong. Pas sûr pour autant que les inconditionnels du regretté Satch apprécient unanimement le geste. Car si les orchestrations s’avèrent somptueuses et les guests pertinents (Bonnie Raitt, Shemekia Copeland, le trompettiste Nick Payton, le Dirty Dozen Brass Band ou les Blind Boys Of Alabama), le Doc a tout réarrangé à sa sauce gumbo habituelle (écoutez donc “Dippermouth Blues” ou le rumbesque “When You Smile”). Ne vous inquiétez pourtant de rien, à force de tripatouiller le contre-temps dans tous les sens, Dr. John retombe toujours sur ses pieds. Un grand album de New-Orleans funk, ne rechignant pas à crooner en cas de besoin!
Paris-Move