DOO THE DOO – FISHBONE JUICE

DOO 006
Blues
DOO THE DOO - FISHBONE JUICE

Happy Birthday aux Doo The Doo qui fêtent à travers ce nouvel et excellent album “Fishbone Juice”, leurs 30 ans d’existence, ou plutôt, leurs 30 ans d’une fabuleuse épopée menée tambour battant et contre vents et marées, au sein du blues français, festif et jubilatoire, chanté dans la langue de Shakespeare et distillé comme dans le Golfe du Mexique, mais avec la foi et la conviction d’un rugbyman des All Blacks pendant un terrifiant haka Maoris. Que de bons souvenirs avec ces sulfureux bluesmen bretons de Doo The Doo, qui durant ces trente années écoulées (et ce n’est pas fini!), même avec un break et un silence assourdissant, auront fait trembler les murs des MJC et autres salles de concerts (essentielles!) de Quimper et de la France profonde, avec leur musique sans concession, des caisses de whisky et des hectolitres de bière goulument consommés, suant sang et eau pour distiller leur blues. Pour les infortunés qui ne connaîtraient pas Doo The Doo, pour diverses raisons indépendantes de leur volonté, allant de la maladie d’Alzheimer, d’une impitoyable attaque de mouches  tsé-tsé, d’un kidnapping orchestré par des extraterrestres, ou d’une incursion de 30 piges dans la Twilight Zone… Doo The Doo sont en quelque sorte nos Fabulous Thunderbirds français (enfin bretons!), bien à nous, mais avec le line-up de rêve, la quintessence du Texas-Blues et du Southern Rock, à savoir: Kim Wilson, Jimmy Vaughan, Keith Ferguson, et Mike Buck, pour l’album légendaire “Girls Go Wild”. Doo The Doo c’est ça ! Le seul petit bémol, c’est qu’au contraire des Fabulous Thunderbirds, les Doo The Doo ne sont pas nés à Austin Texas, ni à San Antonio, mais à Quimper, qu’ils ne roulent pas en Cadillac ni en Buick, et qu’ils n’ont pas été biberonnés par les médias français, aux riffs et aux accords de Blind Lemon Jefferson, Slim Harpo, Lonesome Sundown ou Lightnin’ Hopkins et qu’il a fallu une sacrée motivation et un amour sans bornes pour le blues, pour rechercher l’inspiration, les influences et remonter l’histoire de cette musique populaire afro-américaine, qui au départ, était réservée à un microcosme hexagonal, encore plus minuscule que le solde de mon compte bancaire le 15 du mois ou que le bikini de Pamela Anderson déambulant sur les plages de Malibu. Evidence d’un manque de racines et de culture, qui les rend encore plus précieux, plus incontournables et encore plus respectables. Car après les pionniers du style en France, Benoît Blue Boy, Patrick Verbeke ou Bill Deraime, eux-aussi auront mis les mains dans le cambouis et la tête dans le guidon, pour faire vivre ou survivre le blues dans nos belles contrées, il y a 30 ans déjà… Sans renier leurs origines et leurs racines, nos amis bretons ont mis de la Tequila et du Bourbon dans leur Chouchen et du Chili Con Carne et de la Jambalaya de New-Orléans dans leur Kouign-Amann. Bien évidemment et historiquement, Doo The Doo c’est le bébé des frères Jazz (Le Bail), Jimmy “Bruno” Jazz (guitar – vocals) et Elmor Jazz (harmonica – vocals), le socle, l’épine dorsale du groupe, la tête et les jambes du combo, indissociables comme le Docteur Jekyll et Mister Hyde, inséparables comme Jagger et Richards ou Sonny Terry et  Brownie McGhee, les frères Jazz qui sévissent également au sein d’un remarquable duo blues, pour un voyage entre Chicago et le Delta du Mississippi: The Honeymen. Pour cet album anniversaire des Doo The Doo, les frères Jazz sont entourés des membres de la première heure, ainsi que d’autres musicos chevronnés, au curriculum vitae impressionnant, à faire suffoquer la nouvelle génération de la chanson française, susurrante, maniérée et acnéique. On retrouve Philippe “Sad” Carnot à la batterie, Gilles Avoine à la basse, Mig Toquereau (Loretta and the Bad Kings…) à la basse, Anthony Stelmaszack (Flyin’ Saucers Gumbo Special…) à la guitare, Cédric Le Goff au keyboard (Flyin’ Saucers Gumbo Special, Zeb and the Blues Machine…), sans oublier Madiane Diop en guest aux congas sur un titre. Pour “Fishbone Juice”, toutes les influences du groupe sont représentées, du swamp-blues du label Excello de Nashville TN, du Texas – Beat au rock and roll estampillé 50’s, pour 12 titres originaux, dont un signé Hector Watt, somptueux guitariste texan, qui a joué avec Paul Orta, U.P Wilson, ou encore Benoît Blue Boy sur son album “Benoît Blue Boy en Amérique” et sur scène. “This Loneliness”, titre qui ouvre l’album, est influencé par le Texas Rock & Roll façon Doug Sahm et Bobby Fuller. “Baby, You and I” est une ballade bluesy que n’auraient pas reniée Johnny “Guitar” Watson ou Guitar Slim. “The Honeyman” sonne très Bo Diddley. “Fishbone Juice” est un blues Mi tempo à la Jerry Mc Cain. “Oh Lonesome Me!” est un titre swamp-pop avec pour influences majeures Guitar Gable et Slim Harpo. “Let’s Have a Pachanga!” (Hector Watt) est quant à lui un titre épicé et bigarré, un Tex-Mex Rock & Roll en hommage au regretté chanteur-harmoniciste originaire de Port Arthur Texas, Paul Orta, qui hélas nous a prématurément quitté le 16 mai 2019. Et plein d’autres pépites à découvrir au fil de cet opus. C’est incontestablement un come-back musclé que signent nos Quimpérois favoris, lancés comme des frelons comme si leur vie en dépendait, comme dans un état d’urgence absolue, comme pour rattraper le temps, le temps perdu ou simplement écoulé. Sans aucun doute, c’est un album qui fera date dans la discographie et la biographie de Doo The Doo, avec “Low Trick”, “One More Night” et surtout “Hex”, enregistré avec l’excellent guitariste alsacien, Sébastien “Zeb” Heintz. Doo The Doo, outre leur indéniable talent de musiciens, habités et expérimentés, c’est aussi un look vestimentaire, une posture, une attitude, des gueules patibulaires de baroudeurs et de vieux grognards du blues à être placardés sur tous les murs du FBI et d’INTERPOL, avec tous les stigmates d’un vécu hors du commun au service du blues, d’un blues sans concession. N’en déplaise à Jean Castex, Doo The Doo est un groupe essentiel, incontournable, vital, qui se conjugue au passé, au présent avec “Fishbone Juice”, mais aussi au futur, car croyez-moi sur parole, on n’a pas fini d’entendre parler des frères Jazz et de leur gang de guérilléros. Joyeux anniversaire les amis! 30 ans, l’âge de raison? Heureusement que cette théorie ne s’applique pas pour Doo The Doo! Chaudement recommandé! Indispensable!

Serge SCIBOZ
Paris-Move

PARIS-MOVE, December 28th 2020

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Contact Doo The Doo: elmor.jazz@gmail.com

Pour mémoire:
Trophées Euro-Blues :
– 1999 : groupe Français de l’année
– 2000 : disque de l’année ( Hex)
– 2001 : groupe européen de l’année