World Music

Tandis que João Gilberto vient de replier un parapluie qui lui a sans doute moins servi que sa guitare, et que le nouveau président Bolsonaro entend rétablir un ordre ancien dont les valeurs datent de la dictature militaire, dans son Parà natal, une jeune octogénaire continue à perpétuer la musique festive et libertaire de sa bonne ville de Belém. Surnommée la diva du carimbo flamboyant (diva do carimbó chamegado), l’ex-professeure d’histoire, syndicaliste et secrétaire d’état à la culture Ionete Da Silveira Gama, alias DONA ONETE, n’a certes débuté sa carrière discographique qu’il y a cinq ans, mais son troisième album mêle cette fois encore samba (“Musa Da Babilônia”, “Tambor Do Norte”), choro, baiao, balancelos (“Balanço Do Açai”) et lambada (“Fogo Na Aldeia”) en une irrésistible sarabande défiant l’oppression et l’adversité. Foyer de résilience sur un continent exposé aux vents contraires, le Brésil peut compter sur des matriarches comme DONA ONETE pour alimenter l’esprit de fête et de résistance (un peu comme son corollaire lusophone capverdien de la regrettée Cesaria Evora). Un concentré de vitamine C pour se trémousser en affichant la banane tout l’été!

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, July 8th 2019