Dirty Trainload – Trashtown

Otium Records
Blues

Et voilà un duo italien qui bouscule pas mal d’idées préconçues, car la vie en ville ne serait pas si belle que ce que l’on se l’imagine du fond de la plaine du Pô ou du Limousin. Je dirai même pire. Elle serait l’incarnation de l’enfer sur terre, puisqu’on l’assimile à une vaste décharge. Et le couple issu de l’univers d’une bande dessinée noire, sur la pochette, en est la démonstration mort-vivante! On ne saura d’ailleurs jamais ce qu’ils trimbalent dans leur sac plastique et où les mènera leur bagnole, mais ce que l’on comprend aisément, par contre, c’est qu’ils ne font pas de la musique pour s’amuser. Il y a comme une urgence dans leur manière de mener le jeu, un zeste de quelque chose qui n’est pas sans rappeler les Black Keys ou ces autres messagers qui nous annoncent le pire pour hier!
Et puis y’a aussi la carcasse de la tire américaine, à l’intérieur de la pochette… Grave!
Le tout proposé par un duo de blues dissident, avec d’un côté le guitariste de Bari, Bob Cillo, aux guitares, boîtes rythmiques analogiques, lignes de basse ou percus, et de l’autre, l’américano-italienne Noisance, de Californie. C'est-à-dire Livia Monteleone au chant, aux percussions, au banjo et à la guitare.
Cela vous donne treize morceaux qui pulsent comme on aime! Le duo a fait le choix d’Otium Records, label de Bari, pour balancer leur sauce et il faudrait être particulièrement sourd pour ne pas capter le message. Treize morceaux qui mettent en exergue la puissance de feu de ce duo à côté duquel les Bonnie and Clyde passeraient presque pour un couple formaté par les médias. Le jeu de slide et la voix de la senorita sont excellents, les beats sont monstrueux et la batterie pulse comme il faut.
Leur premier opus, ‘Rising Sun’, sorti en 2007, avait déjà laissé des stigmates chez les auditeurs, alors j’imagine aisément que celui-ci laissera des traces de scarifications ineffaçables! Avec ce côté à la fois blues destroy et blues roots façon artistes de chez Fat Possum qui ne pourra que plaire à tous les amateurs d’un blues vengeur, en droite ligne de celui chanté par les esclaves après de dures journée dans les champs de coton.
Sur ’Trashtown’, vous prenez en pleine tronche des sons qui déchirent l’âme et qui laissent groggy le mortel peu habitué à la lutte sociale. On songe à Grace Slick en écoutant la voix de la ravissante italo-américaine. Une voix à faire fantasmer les vieux birbes de tous les Panthéons de la terre! Alors faîtes comme nous, à Paris-Move, et n’hésitez plus à vous afficher avec vos vices, ils seront bientôt des signes de reconnaissance louables et loués par tous!

Dominique Boulay & Frankie Bluesy Pfeiffer
Paris-Move & Blues Magazine
Dirty Trainload