Dirty Streets – White Horse

Alive/Differ-Ant
Rock

Ce qu’il y a d’étonnant avec les années 70, c’est qu’on dirait qu’elles ne se sont jamais vraiment achevées. Je veux dire qu’en dépit des coups de boutoir que lui assénèrent le punk, le disco et toutes les vagues qui le vouèrent aux gémonies, le heavy-rock qui prédominait au début des seventies n’en finit pas de renaître sous l’égide de générations qui ne connurent pourtant pas la Woodstock génération à son apogée. Plus d’un quart de siècle après les Black Crowes, voici donc Dirty Streets, un power-trio au sens Grand Funk et BBA du terme. Quelque part entre ce que Humble Pie et Free produisaient au temps de leur splendeur, ces garnements démoulent depuis les studios Ardent de leur Memphis natal (là-même où Big Star enfanta ses propres chefs-d’oeuvre) un troisième album où wah-wah débridée, slide brûlante, roulements de toms et riffs épais rivalisent avec l’inspiration de leurs (à peine) aînés de SIMO. Le guitariste et chanteur Justin Toland s’avère ainsi l’un des rares représentants de sa classe d’âge à avoir si bien assimilé le style du regretté Paul Kossof. Quand ils cessent (brièvement) de faire parler la poudre, ces garçons retrouvent même sans se forcer la veine pastorale des Stones de “Beggar’s Banquet” (“The Voices”), voire celle du Jimi de “Are You Experienced ?” (“Plain”). Le plus troublant, c’est qu’en dépit du caractère anachronique de l’entreprise, ils parviennent à sonner si frais que c’en passerait presque pour contemporain. Confondant!!

Patrick Dallongeville
Paris-Move / Blues Magazine / Illico & BluesBoarder

Dirty Streets