Blues

Native du Saskatchewan au Canada, Dione Taylor grandit dans une famille où la musique était omniprésente. Son père se trouvant pasteur dans la capitale de cette province, c’est au sein de sa congrégation apostolique qu’elle effectua ses premiers pas, apprenant à jouer de l’orgue dès son quatrième anniversaire. Elle embrassa naturellement ensuite des études de chant au sein de l’académie de jazz la plus proche, et après une pleine brassée de prix et d’apparitions remarquées (elle se produisit notamment devant le couple royal anglais, ainsi que les Obama), voici son quatrième album en quinze ans d’une carrière entamée en 2004 par “Open Your Eyes”. Entre Randy Crawford et Aretha Franklin, l’insidieux “Water” plante le décor: il y est en effet question d’esprits ancestraux qui hanteraient les profondeurs des cours d’eau… Les enlevés gospel-blues “Workin'”, “Spirit” et “Running” emportent l’auditeur dans une bacchanale de rythme et de chœurs mêlés, tandis que le languide “Where I Belong” reprend les thêmes introductifs de cette rondelle, dont les explicites “Down The Bloodline” et “Darkness” prolongent le propos. Pour spirituelles et commémoratives qu’elles demeurent, les préoccupations de Miss Taylor n’en négligent pas pour autant la revendication des droits à l’émancipation, comme en témoignent “One More Shot”, “How Many Times” et le traditionnel “Ain’t Gonna Let Nobody Turn Me Around”. Endossant ici avec aplomb la fière résilience du peuple afro-américain, Dione Taylor propose un album d’une cohérence et d’une sincérité à toute épreuve (dans tous les sens du terme). Une vocaliste d’une indéniable puissance évocatrice, doublée d’une songwriter de talent.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, October 2nd 2020