DICK RIVERS – Live 2018 – Édition Limitée

Etc. Prod
Rock'n'Roll
DICK RIVERS

Le troisième homme de la Sainte-Trinité du rock français. Si Johnny endossait systématiquement le maillot jaune et Eddy le rôle de l’inextinguible Poulidor, Dick Rivers eut quant à lui rarement droit à mieux que la médaille de bronze. Et s’il ne participa finalement pas (comme il en fut pourtant question) à la tournée des Vieilles Canailles, c’est peut-être car, originaire de la Baie des Anges, il n’appartint justement jamais de plain pied à la sacro-sainte bande de la Trinité. Si l’ont sut se gausser de son vivant de sa diction parfois chuintante, il n’en échappa pas moins à sa caricature par les Guignols (lui). Né le 24 avril 1946 (pile un an après Doug Clifford, les jeunes), Hervé Fornieri nous a donc quittés cette année le jour de ses 73 piges, au bout de 57 ans d’une carrière dont sa disparition justifie désormais qu’on la réévalue. En dépit d’explicables incursions aux lisières de la variété (à son départ des Chats Sauvages), il entama (comme Claude Schmoll) un virage country bien négocié au début des seventies (sous l’égide d’un certain Alain Baschung), et tandis qu’il cachetonnait sur RMC dans les années 80, il n’a jamais remisé son cuir ni sa banane (même si le premier s’avéra avec le temps le plus authentique des deux). Esthète averti du rock des origines, Dick Rivers était un homme à la fois sensible, sincère et déterminé. Se sachant atteint du même mal à pinces que Jean-Philippe Smet, il ne lâcha pas la barre pour autant, et continua à se produire sur scène jusqu’à l’ultime seconde. Cet album témoigne de sa tournée 2018 (la der des der), et son bulletin de sortie se révèle des plus honorables. Soutenu par un gang de killers (des Québécois auxquels il ne fallait manifestement pas en conter), il adapte ici (outre un medley introductif des Chats) Creedence (“Roule Pas Sur le Rivers”, alias “Proud Mary”), Buddy Holly (“Not Fade Away”), Elvis (“Heartbreak Hotel”, “Hound Dog”, “That’s Alright Mama”, “Mystery Train”), Cochran (“Twenty Flight Rock”), Wanda Jackson (“Let’s Have A Party”) et Moon Martin (dont le “Bad Case Of Loving You” devient “Amoureux De Vous”), tout en narrant, à sa manière à la fois touchante et débonnaire, son Histoire des musiques américaines. Les quelques originaux (“Oh Maman Merci” de Coutin, “Le Montana” d’André Manoukian, ou encore “Mauvaise Fille”) côtoient ses propres standards tels que “Maman N’Aime Pas Ma Musique”, “Nice Baie Des Anges” (Barbelivien) et l’hymne des fonctionnaires, “Faire Un Pont”. Eddy Mitchell l’avait prédit: “S’Il N’En Reste Qu’un”… Requiescat in pace, very Dick.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, December 5th 2019

 

 

DICK RIVERS – LIVE 2018 (édition limitée)

PROD etc
Rock'n'Roll

Le 24 avril 2019, par un petit matin blafard, entre pluie et brouillard, d’un printemps qui avait du mal à s’imposer, comme pour nous prévenir d’un cataclysme imminent, d’une terrible nouvelle qui se tramait, la France entière apprenait avec une profonde tristesse le décès de Hervé Forneri, plus connu sous le pseudonyme de Dick Rivers, inspiré bien entendu du film “Loving You” de 1957, avec l’icône paroxysmique originaire de Tupelo: Elvis Presley. C’est pas sérieux, ironie du sort ou sarcasmes du destin, Dick nous quittait au cœur de la nuit, le jour de son anniversaire, le jour de ses 74 printemps, à l’hôpital américain de Neuilly-sur-Seine, et lorsque l’on connait un tantinet le personnage, comme j’ai eu la chance inouïe et l’honneur suprême de le connaitre dans son intimité, il ne pouvait en être autrement… Lui qui a tant œuvré au début des sixties, mit les mains dans le cambouis pour défendre la culture populaire d’outre-Atlantique et le rêve américain, dans une utopie collective sur fond de rock’n’roll et de twist, et pas seulement à St Tropez, sur fond de 7ème art sublimé par James Dean et Marlon Brando et de rutilantes Cadillac, synonymes d’une révolution culturelle et sociale. Dick est parti paisiblement, comme sur un petit bout de l’asphalte du Elvis Presley boulevard de Memphis, ou sur une poignée de terre des grandes plaines et autres rocheuses du Montana. Dès que les chaînes d’information en continu se sont faites l’écho de la funeste nouvelle, nous comprenions rapidement que c’était un pan de notre vie qui s’écroulait soudainement dans un fracas apocalyptique, la charpente du rock’n’roll français qui disparaissait dans un nuage de poussière, mais pas celle du désert du Chihuahua au Nouveau-Mexique. Avec le décès de Dick Rivers, c’était Peggy Sue qu’on avait tuée une nouvelle fois ou Marilou qui nous quittait subitement pour d’autres lits et d’autres bras. Nos yeux s’humidifiaient et les kleenex étaient devenus de rigueur. Indubitablement, nous avions tous le cœur dans le cendrier, tandis que défilaient devant les caméras et sous les sunlights, de nombreux hommages rendus au chat le plus célèbre, par le showbiz à l’unisson, même avec les sempiternelles inepties dans la biographie de Dick et même avec les interventions de certains hypocrites qui prenaient maladroitement des tronches de circonstance tels de piètres acteurs. Bon je vous rassure, Drucker et Ruquier n’ont toutefois pas osé! Mais je ne vais pas refaire un remake de l’hommage ou un nouvel éloge funèbre que j’avais déjà écrit il y a 5 mois, l’ami Eric Naulleau l’ayant d’ailleurs fait excellement bien, car aujourd’hui, je reviens vers vous pour vous parler du CD live, témoignage posthume de la tournée 2018, 100% rock’n’roll, réalisé sous la houlette de l’incontournable et excellent guitariste de Montréal Robert “Gretsch Mann” Lavoie et sur une lumineuse idée de Denis Sabouret, denier manager en date. De surcroît, Dick se sachant malade, avait voulu sortir cet album pour son fidèle public. Mais attention, sans se leurrer et en toute honnêteté intellectuelle, cet ultime album live de Dick Rivers, qui n’a certes rien de révolutionnaire, n’en demeure pas moins indispensable et précieux pour tous les fans de Rivers qui se respectent, et même pour les autres… Il se situe aux antipodes de l’escroquerie, même si de toute évidence, cet opus ne rentrera pas dans la postérité des plus grands enregistrements live de rock de tous les temps. On ne va pas jouer les filous patentés, ni mentir comme des arracheurs de dents. Il n’est pas le “Get Yer Ya-Ya’s Out!” des Rolling Stones, ni le “Live at the Star Club de Hamburg” de Jerry Lee Lewis ou encore le “Stupidity” de Dr Feelgood. Il s’agit simplement du témoignage audio de la toute dernière tournée de Dick, partie le 19 mai 2018 du Secret Place de Montpellier, pour se conclure le 16 décembre 2018 dans le Vaucluse. En tout, une vingtaine de dates à travers la France, avec un Dick déjà malade et physiquement diminué, mais qui, tel un héroïque légionnaire lors de la bataille de Camerone de 1863, n’a jamais voulu rendre les armes, bien soutenu par un groupe remarquable venu du Québec et emmené par Robert Lavoie. Dick aura eu comme leitmotiv de prêcher la bonne parole du rock’n’roll sur les routes sinueuses mais ô combien exaltantes de l’hexagone, pratiquement jusqu’à son ultime souffle. Car vocalement, même avec certaines petites imperfections palpables ici ou là en raison de son état de santé qui déclinait, Dick tient toujours la route comme personne et fait des prouesses, arc-bouté à son pied de micro, comme pour conjurer le mauvais sort et défier cette saloperie de maladie qui commençait sévèrement à le ronger de l’intérieur. Le rock’n’roll aura été pour lui comme un passage en douceur vers des sphères, non pas ténébreuses, mais des sphères de lumières et de quiétude, et de là-haut, Dick doit bien se marrer avec Jean-Pierre Mocky, discuter rock avec Bashung et faire le bœuf avec Elvis.
17 titres composent cet opus et notamment les plus grands succès de Dick comme “Roule pas sur le Rivers” (Creedence Clearwater Revival), “Le Montana”, “Faire un Pont” (John Denver), “Maman n’aime pas ma musique” ou encore “Nice baie des anges”, sans oublier quelques standards intemporels de Buddy Holly “Not Fade Away”, d’Eddie Cochran “Twenty Flight Rock”, d’Elvis “Heartbreak Hotel”, de Big Mama Thornton “Hound Dog” ou de Moon Martin “Bad case of loving you” dans son adaptation française et un medley Chats Sauvages et un medley SUN Records… le tout entrecoupé de quelques anecdotes croustillantes de l’oncle Dick, sur la genèse du blues, du rock’n’roll et de la country music. Bref, que des morceaux de bravoure interprétés avec force, conviction et courage par notre lonesome cowboy niçois et montmartrois d’adoption. Cet album live qui n’a rien de vénal, transpire la sincérité tous azimuts. Il ne se place pas comme une énième production issue de l’imposante discographie de Dick, mais comme le passage de flambeau d’une légende du rock’n’roll aux nouvelles générations. Mais également, pour perpétrer sa mémoire, pour ne pas que son œuvre, qui a traversé tant de décennies, tombe dans l’oubli et pour affirmer et crier haut et fort que Dick Rivers sur scène, c’était ça! Du rock’n’roll sans subterfuge, sans strass ni paillettes, accompagné par un groupe de morts de faim au service du chanteur, au service de la musique qui suinte le groove et le feeling. A son écoute, on ne peut s’empêcher d’avoir le frisson, la chair de poule, le cœur qui saigne et les yeux larmoyants, car des chanteurs comme lui, il n’y en avait pas deux, Dick Rivers était unique et sa disparition laisse et laissera encore très longtemps, un vide intersidéral dans le paysage musical français. A noter que toutes les sublimes photos de la pochette, sont signées Babette Belloc Forneri, son ange gardien. Alors procurez-vous sans hésiter cet album live de son ultime tournée cuvée 2018, comme dans un dernier hommage, pour de nouveau savourer sa voix suave et hors du commun, et pas seulement dans les grandes allées venteuses du cimetière Montmartre, où à la nuit tombée, on peut entendre “Faire un Pont” à travers les feuillages de la cime des arbres… Que la légende perdure. “Salut ma poule! C’est Dick, non tu ne rêves pas p’tit gars, Dick Rivers le vrai!”. Ne prends pas froid, mon Dick, et sache qu’ici-bas, tu nous manques énormément et que personne ne t’oublie.

Serge SCIBOZ
Paris-Move

PARIS-MOVE, October 7th 2019

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