Africana

Pour son cinquième album solo à ce jour, le joueur de kora sénégalais Diabel Cissokho continue à dresser un pont culturel et musical entre la longue lignée de griots dont il est issu (remontant jusqu’au Mali du 13ème siècle de notre ère) et l’aube de ce troisième millénaire. Déjà à l’œuvre de ces rapprochements entre nos musiques dites actuelles (auprès de Damon Albarn ou encore Ramon Goose) et cet universalisme que l’on désigna naguère sous le terme-valise de world-music, Diabel (qui partage désormais son temps entre Sénégal et Cornouailles) s’affirme plus que jamais en tant qu’ambassadeur de cette ouverture de l’Occident aux apports culturels de l’Afrique de l’Ouest. La touche electro-blues héritée de sa collaboration avec Goose s’exprime d’entrée de jeu sur le funky “On Sait Faire Blues” introductif, tandis que les mélopées mandingues de “Dembo” et “My Boy” prolongent la tradition à la fois incantatoire et envoûtante d’un Salif Keita. Diabel Cissokho nous régale ensuite de son jeu virtuose sur la kora: d’abord avec “Koullo” (instrumental où celle-ci répond à une guitare électrique et un harmo bluesy, tout en se soumettant à un traitement altéré), puis avec les pénétrants et dépouillés “Manssaya”, “Barakhama”, “Nayya” et “Tell Me”. Sur un beat proche de la biguine, “Badinya” perpétue ce que l’Afrique occidentale a su insuffler de meilleur aux dance-floors mondiaux en plus de trois décennies, tandis que “Fasso” renvoie au blues mandingue d’Ali Farka Touré et Lobi Traoré. Le rythme qu’invoque cet opus s’en avère le viatique: aussi spontané que celui qui commande nos organes vitaux, il n’évoque rien d’autre que celui de la nature. Un album magistral, où l’Afrique sort gagnante d’un combat qui n’est finalement que celui du partage et de la séduction.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, February 17th 2020

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Malgré quelques musiciens venus prêter main forte à Diabel Cissokho, il est en fait le principal instigateur du projet musical que j’écoute avec grand plaisir en ce moment. Compositeur, musicien multi-instrumentiste, chanteur, Diabel est également producteur de l’album. Il joue de la guitare, de la kora, de la basse, du ngoni et il s’est entouré de Kiminta Manga, multi-instrumentiste lui aussi (guitare, basse, tabla, percussions et claviers), de Oussenou Cissokho aux percussions, de Bouba Cissokho au dundun et aux percussions, de Ndiobo Gainde Seck à la guitare, de Nama Cissokho au chant et de Cheick Tidiane Niang à la basse. L’album a été enregistré à Dakar au Sénégal, à Paris dans le studio du beatmaker Kimi Tamba, et au Geankuz Studio de Londres. Un superbe album de world music et de africana music!

Dominique Boulay
PARIS-MOVE & Blues Magazine (Fr)

PARIS-MOVE, February 19th 2020