| Rhythm 'n' Blues |
Depuis un sacré bail déjà, le batteur, guitariste et chanteur Denis Agenet est l’un des french stalwarts les plus in demand sur nos scènes continentales. Outre ses propres Bad Mules, il a ainsi participé à Tia & The Patient Wolves (avec Laetitia Gouttebel), accompagné en tournées européennes quantité d’artistes internationaux (de Jimmy Burns à Mac Arnold, en passant par Johnny Nicholas, Jonn Del Toro Richardson et Nathan James), et fut lauréat de la sélection française pour l’International Blues Challenge de 2016. Après un premier EP paru sous la même entité en 2018, il nous revient avec dix originaux, à l’enregistrement desquels ont contribué une belle brochette d’amis. Qu’on en juge: on retrouve à ses côtés quelques usual suspects tels que le keyboards wizard Cédric Le Goff ou le leader de Malted Milk, Arnaud Fradin, ainsi que quelques invités de marque, au rang desquels on dénombre Sax Gordon Beadle, Nathan James, Nico Wayne Toussaint et Mac Arnold. Dédié à cette fameuse mixture louisianaise qu’est le rhythm n’ blues spécifique de la Nouvelle-Orléans, ce skeud attaque bille en tête sur l’up-beat cuivré “It Don’t Bother You”, au fil duquel le Hammond B3 de Le Goff et l’harmo de Toussaint se haranguent crânement, comme par défi. La vintage southern soul assaisonnée façon Ernie K. Doe et Robert Parker retrouve son teint de jeune fille avec “The Shelter”, dont la section de cuivres, les chœurs féminins et les guitares de Thomas Aubé et Arnaud Fradin cautionnent le cachet. Le piano de Ben Bridgen et les balais de Denis mènent la danse sur “Chicken Rescue”, à mi-chemin entre ragtime et countrybilly, avec le renfort vocal de Julie Dumoulin et Laurence Le Boccon (dans la veine des Andrews Sisters). Évoquant sans détour les affres du Covid (ajoutant l’isolement forcé à la maladie), “My First Christmas Alone” s’inscrit dans la veine de Huey ‘Piano’ Smith (lui même auteur du fameux “Rockin’ Pneumonia & The Boogie Woogie Flu”), et la chaleur des cuivres et des chœurs s’y augmente des ivoires agiles de Bridgen et Le Goff: groove & swing à tous les étages ! “The Beautiful Sad Song” rejoint les ballades lacrymales de Aaron Neville, avant de se conclure en gospel rural, slide et chœurs célestes à l’appui. Sur une pompe de sousaphone exécutée par Benoît Gaudiche, “Mailman On The Everest” est une bien belle image pour décrire le mal d’amour, et c’est au sax de Félicien David qu’en échoit le solo juteux, tandis que les choristes omniprésentes y persistent à soutenir la voix de Denis. Sur un mid-tempo Nola Beat, le lazy funk “Earthbound” distille une conscience écolo préoccupée, que relaient avec brio la guitare de François Nicolleau et les claviers de Ben Bridgen. Dans l’esprit d’un Hank Ballard produit par Dave Bartholomew (voire du “Mess Around” de Brother Ray), l’entraînant, “Winky Meli” exploite à son summum la dynamique entre honkin’ sax, piano, contrebasse, drums et chœurs, tandis que la guitare de Nicolleau et ce bon Gordon Beadle y prennent deux soli concomitants : assurément LA plage à écouter en priorité pour se faire une idée précise de ce recueil! “She’s My Fire Girl” est de ces slows langoureux dont Lloyd Price et Johnny Adams eurent la primeur, et c’est Julien Broissand qui y prend le relais aux six cordes. C’est dans la veine des productions Sun du célèbre Sam Phillips au cours des fifties que se clôt cet excellent album, avec un “Hey Dad” où se distinguent l’harmo de Nico Toussaint (dans la veine d’un Charlie McCoy) et la slide de Nathan James. À son écoute, on ne serait pas étonné d’entendre le croassement du crapaud buffle, ni le clapotis du poisson-chat, émaner du marais breton… Préservez-nous des alligators, ce disque suinte le bayou par tous les pores!
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, May 29th 2023
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Tour dates:
15 juin w/ Nola’s Jam & Jelly – Jam Session New Orleans – Nantes, France
21 juin w/ The String Breakers – La Guinguette – Rezé, France
07 oct. w/ Denis Agenet & Nolapsters – Private party – Clisson, France