Blues |
De 1965 à 1970, les USA comptaient un seul véritable groupe de blues “intégré”: le Butterfield Blues Band. Parmi leurs faits d’armes (outre le fait de compter dans leur premier line-up le cousin de Billy Boy Arnold et le batteur de Howlin’ Wolf), ces lascars introduisirent Dylan à l’électricité lors du fameux fesival de Newport. Menés par le premier harmoniciste blanc à pouvoir rivaliser avec Little Walter, ces méritants initièrent notamment l’incorporation d’une section de cuivres, faisant jeu égal avec la guitare électrique et les claviers. Funestement égaré dans les vapeurs toxiques, Paul Butterfield finit par tout perdre, depuis sa femme jusqu’à sa maison et même son groupe, avant d’y laisser aussi sa peau voici un quart de siècle. Un beau gâchis en somme, dont seuls quelques nostalgiques conservaient le goût amer. Magie du web: à Oakland, Californie (dans la célèbre baie de San Francisco), un septette avait préservé la formule à l’insu du reste de la planète. Un e-mail lancé comme une bouteille à la mer permet à présent de corriger cette omission auprès du public européen. Car cette “Anthology” (retraçant près de quatre décennies du parcours des Delta Wires) reprend quasiment les choses là où “In My Own Dream” et “The Resurrection Of Pigboy Crabshaw” les avaient laissées: un blues au souffle brûlant, porté par des cuivres aussi rutilants que déterminés, et la virtuosité inspirée d’un leader connaissant son harmonica jusqu’à la commissure des babines. Le genre de révélation que le plus blasé des aficionados ne se prend dans la tronche que tous les vingt ans…! Imaginez un croisement entre le Count Basie Orchestra et le J. Geils Band des origines: c’est tout bonnement renversant!
Paris-Move