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Dee Dee Bridgewater et Bill Charlap : un dialogue sublime qui transcende le jazz et le temps.
Dee Dee Bridgewater s’impose depuis longtemps comme l’une des voix les plus authentiques et légitimes du jazz. Son héritage ne repose pas uniquement sur sa virtuosité ou la puissance de sa voix: c’est son engagement intellectuel envers cette musique qui lui permet de se réinventer sans cesse, tout en demeurant fidèle aux racines profondes du genre. Depuis des décennies, elle fascine les publics du monde entier, non pas en se répétant, mais en explorant les possibilités infinies du jazz. En témoignent notamment ses interventions à la radio, comme son émission emblématique JazzSet sur NPR, véritable reflet de sa pensée musicale: JazzSet with Dee Dee Bridgewater.
Sa récente collaboration avec le pianiste Bill Charlap est un sommet de sophistication dans l’épure. Ensemble, ils revisitent le Great American Songbook, non pas comme une relique à préserver, mais comme une matière vivante à réinventer. Il ne s’agit pas de simples reprises, mais de véritables relectures: des titres chargés d’histoire dans l’esprit, mais projetés dans une forme résolument contemporaine. Ce disque s’adresse autant aux amateurs de grandes voix qu’aux passionnés de jazz vocal, c’est un témoignage artistique rare d’une sincérité presque déconcertante, tant il assume la fragilité nue d’un duo voix/piano.
Bridgewater et Charlap proposent un répertoire que seuls eux pouvaient incarner : une plongée dans la tradition jazz, portée par une connaissance intime, une articulation parfaite et une dynamique musicale et vocale exceptionnelle. «Fats Waller était un musicien espiègle, et ses paroles en portent la trace», explique Bridgewater. «Bill et moi avons voulu recréer cette ambiance dans Honeysuckle Rose. Alors on saute, on se donne la main à travers la musique, on siffle, on joue à cache-cache, on se taquine comme des enfants dans une cour de récréation, le tout en instantané, sans répétition, totalement improvisé.»
Ce disque est bien plus qu’un album: c’est un monument poétique, radical, sans compromis, une œuvre mystique qui ressuscite les notes du passé dans un écrin d’une pureté rare. Il trace le parcours d’une artiste qui ne se contente pas de chanter, mais qui pense, structure, modèle chaque morceau. L’album défile comme un récit, chaque titre livrant une part de l’âme de Bridgewater, un fragment de son art et de sa vision du jazz. Il s’en dégage une intensité personnelle étonnante: peut-être est-ce là son projet le plus intime à ce jour.
L’idée de cette collaboration, comme souvent dans les projets habités, est venue à Bridgewater de manière fulgurante, presque mystique. «J’entends des voix», confie-t-elle. «Un matin, je me suis réveillée et une voix a dit: Bill Charlap. J’étais stupéfaite, ce duo me paraissait improbable.» Et Charlap d’ajouter: «J’ai toujours été un immense admirateur de Dee Dee Bridgewater. J’étais ravi à l’idée de travailler avec elle, mais je pensais qu’elle rejoindrait mon trio comme invitée. Lorsqu’on m’a dit non, que Dee Dee voulait faire cela en duo, tout est devenu limpide.»
On sent d’ailleurs que cette rencontre les a transformés mutuellement. «Ma perception de Bill a complètement changé après que nous ayons joué ensemble», dit Bridgewater. «Je savais qu’il maîtrisait le répertoire américain, mais je ne soupçonnais pas l’étendue de ses connaissances. J’ai été époustouflée par sa sensibilité, par l’ampleur de sa culture musicale, par toutes les références qu’il mobilise en jouant. C’est une encyclopédie vivante. Je n’ai jamais travaillé avec un musicien auprès duquel je me sois sentie aussi détendue, aussi libre d’être simplement moi.»
Et c’est sur un huitième morceau que l’album nous laisse, presque trop tôt: une version magistrale de Caravan, comme un point d’orgue suspendu.
Si vous avez déjà aimé Dee Dee Bridgewater pour sa sincérité et la maîtrise de son art, cet album vous la fera adorer. Elle ne se contente pas d’interpréter les chansons: elle les habite, les redéfinit, et, en fin de compte, se les approprie comme jamais.
Thierry De Clemensat
Member at Jazz Journalists Association
USA correspondent for Paris-Move and ABS magazine
Editor in chief – Bayou Blue Radio, Bayou Blue News
PARIS-MOVE, June 11th 2025
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Upcoming Duo Shows in D.C., New York, and Los Angeles
+ Album Release Show June 14 at The Hollywood Bowl
On the road :
June 14 – Los Angeles, CA – Hollywood Bowl * – ALBUM RELEASE SHOW
August 24 – New York, NY – Charlie Parker Festival *
* = duo performances with Bill Charlap
Dee Dee Bridgewater’s We Exist! Tour:
July 1 – Vienne, France – Jazz à Vienne
July 3 – Toulouse, France – Toulouse Festival
July 4 – Santa Cruz, Canary Islands, Spain – Tenerife Auditorium
July 5 – Lanzarote, Canary Islands, Spain – Jameos del Agua Auditorium
July 6 – Las Palmas de Gran Canaria, Spain – Pérez Galdós Theatre
July 8 – Oestrich-Winkel, Germany – Seebühne Schloss Vollrads
July 9 – Vannes, France – Vannes Echos Jazz
July 11 – Merano, Italy – KIMM + Master Class
July 12 – Marseille, France – Marseille Jazz Des Cinq Continents
July 16 – Weimar, Germany – Schallkultur Festival
July 19 – Wiesbaden, Germany – Kurpark Wiesbaden
July 20 – Freiburg, Germany – Zelt Musik Festival
July 23 – Vilnius, Lithuania – Midsummer Vilnius Fest
July 25 – San Sebastian, Spain – San Sebastien
July 26 – Barcelona, Spain – Palau de la Musica Catalana
July 27 – Gdynia, Poland – Ladies Festival
July 29 – Fano, Italy – Jazz by the Sea