Psycho garage

Pour leur quatrième album, les Death Valley Girls opèrent un virage dark-psycho fermement négocié. Si quelques réminiscences de leur récent passé se manifestent encore (la marque des Seeds et du Velvet sur “Hold My Hand”, ou encore les poppy “Bliss Out”, “Little Things”, “I’d Rather Be Dreaming” et “Dream Cleaver”, avec leur orgue garage zinzinant) la chanteuse Bonnie Bloomgarden et son comparse guitariste Larry Schemel semblent ici avoir forcé un brin sur le peyotl, comme en attestent la plage titulaire, ainsi que les bien barrés “Hypnagogia”, “Hey Dena” et “The Universe”. Chant choral suraigu (impliquant ici un chœur d’enfants, et là jusqu’à douze vocalistes simultanés), volutes de saxophone s’apparentant davantage aux premiers UB40 qu’au regretté Steven McKay, nappes de claviers omniprésentes et beats incantatoires: l’ombre originelle des Stooges cède ici le pas à celle des B.O.s de séries B sixties signées Roger Corman (genre “The Trip”). Évoquant par moments Yoko Ono backée par le Brian Jonestown Massacre (“10 Day Miracle Challenge”), voici donc un album qui donnerait presque raison à notre actuel ministre de l’intérieur: la drogue peut en effet parfois s’avérer néfaste. D’où ce rappel à nos chères têtes blondes en cette rentrée déjà compliquée: non, vos buvards ne se gobent pas.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, September 12th 2020