DAVIS HALL & THE GREEN LANTERNS – Canboro Canborough

Autoproduction
Funk-Blues
DAVIS HALL & THE GREEN LANTERNS - Canboro Canborough

En préambule, précisons qu’aucun membre de cette formation ne se prénomme Davis, et que personne ne s’y nomme non plus Hall. Davis Hall est le nom d’un centre communautaire dont le batteur Jim Casson fréquentait l’école maternelle quand il était petit. Quant aux Green Lanterns, c’était le nom d’un débit de soft drinks qui jouxtait cet établissement scolaire. Basé sur la péninsule Niagara en Ontario, Jim n’est autre que l’un des drummers canadiens les plus révérés, notamment pour ses participations à Dark Orchard, Downchild, The Hogtown Allstars ainsi qu’au Maple Blues Band, et ceci s’avère le second volet de son dernier projet en date (un premier album de ce collectif parut en 2021 sous un déluge de louanges). La simple énumération de son line-up en indique déjà l’orientation puisque, outre Jim lui-même (qui y officie bien entendu aux drums, mais aussi aux claviers, xylophone et percussions diverses, ainsi qu’à d’occasionnels vocals le plus souvent samplés), on y dénombre un tuba (également tromboniste), deux guitares (dont une slide et un ukulele), ainsi qu’un pianiste et accordéoniste en guest sur trois titres. Le ton est donné dès le jovial “Carrottown” d’ouverture: Nola funk & fun à tous les étages! Par delà le tuba jubilatoire qui en assure les parties de basse, la paire de guitaristes (Wayne DeAdder et Mike Branton) rivalise d’inventivité, échangeant avec gourmandise rythmique et soli. Et tandis que l’on s’obstine à tenter d’assumer son rôle de chroniqueur sérieux tout en réprimant vainement un trémoussement béat, le non moins funky “Homer” instrumental ne concède aucune chance à ces velléités. Passé au Fender Rhodes, Mark Lalama y assaisonne une touche Meters à renverser la vaisselle, et quand survient la plage titulaire (avec sa slide ondulante et sa reverb guitar vintage à souhait), on remarque en souriant qu’elle se réfère au nom de la rue où Jim grandit jadis (imaginez une jam impromptue entre les regrettés Dick Dale et Bob Brozman, au générique d’un film de David Lynch). Ce registre malicieusement rétro-futuriste se prolonge ensuite avec la rumba surf et western-swing “Daincity” (à l’écoute de laquelle, à moins d’être plâtré de pied en cap, il est impossible de réfréner une danse de Saint-Guy, tant ses protagonistes y rivalisent de virtuosité communicative). Le languide “The Comfort Of The North” offre une pause bienvenue, avant que les trépidations ne reprennent de plus belle avec “Lowbanks”, “Winger” et “Humberstone”, où les guitares s’expriment à l’unisson tandis qu’un clavinet, un trombone et un xylophone cocottent en arrière-plan, et que Jim distille une impeccable leçon de funky drumming: c’est simple, rien entendu d’aussi magistralement emballant depuis le “You Know What I Mean” et le “Scatterbrain” de Jeff Beck sur “Blow By Blow” en ’75. Retour au second-line beat louisianais pour “Silverdale”, auquel ni la rythmique ni les guitares n’entendent à nouveau céder le moindre répit. Avec son riff polyrithmique et latino, “Sugarloaf” évoque l’Allman Brothers Band de “In Memory of Elizabeth Reed” (ce qui en situe déjà le niveau), et le conclusif “White Toyota” ferme le ban en se dandinant vers l’horizon à la manière d’un Leon Redbone. Si l’idée d’entendre la version du “East St. Louis Toodle-oo” de Duke Ellington remixée par Soul Coughing (après celle de  Steely Dan) présente à vos tympans le moindre attrait, ce disque vous suscitera sans doute bien d’autres fantasmes encore!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, September 28th 2023

:::::::::::::::::::

Album à commander ICI