| Jazz |
Un dialogue audacieux et lumineux : le nouveau duo d’ACT explore un territoire émotionnel inédit.
Le label ACT s’est depuis longtemps imposé comme l’un des grands spécialistes du duo artistique. Avec cette nouvelle sortie, une collaboration acoustique saisissante entre le pianiste David Helbock et la multi-instrumentiste Julia Hofer, le label prouve une fois encore son talent pour révéler des binômes inattendus et inspirants. Articulé autour du piano, du violoncelle, de la contrebasse et de la basse fretless, enrichi de trois invités, cet album s’impose comme une véritable pépite, poursuivant la tradition européenne d’un jazz nourri de musique classique, pop, world et rock.
David Helbock est déjà bien connu des amateurs de jazz. La véritable révélation ici, c’est Julia Hofer: violoncelliste de formation classique, bassiste caméléon et musicienne d’une rare expressivité. Fidèle à l’esprit du label, l’album refuse toute étiquette facile, tissant des lignes mélodiques sophistiquées et des textures sonores subtiles, dans une recherche d’authenticité et de clarté émotionnelle.
Le moment de grâce absolu? Leur réinterprétation inventive de «Purple Rain» de Prince. Un titre emblématique, souvent galvaudé, mais ici dépouillé et réinventé avec une élégance désarmante. Le duo en extrait l’essence même, révélant tout son potentiel poétique. C’est dans cette relecture que leur intelligence musicale éclate pleinement.
«Je cherchais un nouveau partenaire pour un duo», confie Helbock. «Même si je suis très investi dans mon projet “Austrian Syndicate”, c’est un ensemble complexe, avec beaucoup de claviers. Avec Andreas Brandis, PDG et producteur d’ACT, nous avons eu l’idée d’un duo acoustique, réduit à son essence émotionnelle. Un format où la communication musicale est plus directe que dans toute autre formation. Puis j’ai rencontré Julia Hofer.»
Ce qui l’a immédiatement séduit? La polyvalence de la musicienne. «Dès la première répétition, j’ai été fasciné par son énergie. On sent, dès la première note, qu’elle aime profondément jouer. C’est quelque chose de très motivant, et même contagieux.»
Julia Hofer fait partie des bassistes incontournables de la scène autrichienne. Issue d’une famille de musiciens, elle s’impose par une virtuosité qui transcende les styles. Son jeu de violoncelle est empreint de poésie et de délicatesse, mais elle manie aussi la basse électrique avec une aisance éclatante. Elle navigue librement entre la pop, le funk et la fusion, avec des références allant d’Earth, Wind & Fire à Jamiroquai ou les Yellowjackets. Son approche de la musique ne se limite pas à l’interprétation: elle écoute, transcrit, et s’approprie chaque œuvre avec une finesse rare.
Ce que l’on découvre ici, c’est une nouvelle génération d’artistes qui ne se laissent enfermer dans aucun genre. «Au départ, nous avons travaillé avec des effets et de l’électronique, raconte Helbock, mais nous nous sommes vite rendu compte que nous les utilisions de moins en moins. Aujourd’hui, l’album est presque entièrement acoustique, à l’exception de la basse électrique. Nous avons énormément répété, testé plein d’idées… C’était un processus passionnant.»
Quelques invités de longue date viennent enrichir ce dialogue à deux voix. Le trompettiste au lyrisme profond Lorenz Raab, compagnon de route d’Helbock depuis vingt ans; la chanteuse Veronika Harcsa, qui scatte sur «Freedom Jazz Dance» et surprend en chantant Monk en hongrois. Enfin, David Helbock réalise un vieux rêve en collaborant avec le guitariste Mahan Mirarab, qui joue ici sur une guitare à double manche, l’un des deux étant fretless, dans un morceau en hommage à Gurdjieff, sur Faces of Night, la seconde partie de l’album.
Dans une époque où la musique peut sembler parfois trop lisse, cet album rappelle la puissance expressive de l’acoustique. Quand la composition devient œuvre, quand le geste instrumental s’élève jusqu’à l’acrobatie inspirée, on touche à une forme de grâce intemporelle.
Ici, le risque est assumé. Et il ne reste qu’à saluer le travail monumental de deux musiciens passionnés, sincèrement amoureux de leur art.
Thierry De Clemensat
Member at Jazz Journalists Association
USA correspondent for Paris-Move and ABS magazine
Editor in chief – Bayou Blue Radio, Bayou Blue News
PARIS-MOVE, July 21st 2025
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Musicians :
David Helbock – piano
Julia Hofer – electric bass, fretless bass, cello
Guests:
Lorenz Raab – flugelhorn
Mahan Mirarab – guitar
Veronika Harcsa – vocals
Tracklist :
01 Woman’s Dance – Version 1
02 Dancing to Another Space
03 Dark Soul
04 Purple Rain
05 Night Dances
06 Song of a Dream
07 Freedom Jazz Dance
08 Clara’s Romance
09 Theme from Schumann’s Piano Concerto
10 Sexy M.F.
11 ‘Round Midnight
12 Woman’s Dance – Version 2
Produced by Andreas Brandis & David Helbock
Recorded on May 20th and 21st at Wavegarden Studio, Mitterretzbach, Austria
Recorded and mixed by Werner Angerer
Mastered by Klaus Scheuermann
Photo by Severin Koller at Reaktor, Vienna
Cover art (detail) by Tanka Fonta
The Meditative Movements; The Dawn Incantations III (2024)
Acrylic on canvas, 160 cm x 120 cm
Design by Siggi Loch