Livre

David Bowie, La Totale, dixième de la série, établit la chronologie d’une vie et d’une carrière hors normes avec force détails sur 26 séances d’enregistrement d’albums solo. Soit 456 chansons, de 1964 à 2016, sur 620 pages. Benoit Clerc, auteur de la somme Queen, La Totale, a toute autorité pour traiter à ce niveau d’un artiste caméléon qui, faisant de nécessité vertu, aura incarné les personnages portés au firmament de Rainbow Man, Ziggy Stardust, Thin White Duke ou encore Nathan Adler. Les projets du jeune David Jones, que la niaiserie dispute au kitsch, ignorent les courants en ascension jusqu’à ce que le folk hippie “Space Oddity” soit diffusé par la BBC pendant l’alunissage de la mission Apollo 11, le 20 juillet 1969. Le titre marque, à horizon de vie mortelle, mais pas encore à l’échelle de l’Histoire. Il faut attendre “Starman” à Top Of The Pops en 1972, maturé par les riffs heavy de The Man Who Sold The World et la pop léchée de Hunky Dory (littéralement “au poil”, avec “Life On Mars?” exploité par La Poste en 2001, et “Changes” réenregistré pour Shrek 2 en 2004) pour que Bowie devienne la star qu’il prétend être et que ses musiciens glam reflètent la lumière des projecteurs. Or les vents mauvais, parfois, se lèvent. Et l’auteur d’euphémiser l’histoire de Tin Machine, qui a joint le futile à l’agréable dans une logique de compromis négocié. On retiendra que l’art de Bowie, fait d’œuvres immenses qui humilient le moderne, a été édifiant avant d’être complaisant.

Jean-Christophe Baugé
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PARIS-MOVE, December 13th 2021

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