Soul

Bien qu’amplement reconnu dans son État natal du Massachussets (ainsi que dans celui du Vermont, où il s’est établi à Montpelier – avec un seul l, cong), la réputation de Dave Keller ne l’a toujours pas suffisamment précédé de ce côté de l’Atlantique. Révélé lors de sa participation à l’album à “Living In The Light” de Ronnie Earl, et avec pour tuteurs des pointures telles que Johnny Rawls, Syl Johnson, Otis Clay et Mighty Sam McClain, ce blanc-bec ne s’affirme pas moins, de disque en disque, en tant que blue eyed soul man de premier plan. Alors qu’il se trouvait confiné par le lockdown (et donc sans engagements), ce bon Dave fut choqué (comme tant de ses compatriotes) par l’assassinat en juin dernier de George Floyd par des policiers blancs et racistes. “Tandis que je me suis bâti une carrière en interprétant de la musique noire, et que j’ai tant reçu de conseils et de soutien de mes mentors blacks, je me suis alors demandé ce que je pouvais offrir en retour”. Il eut ainsi l’idée de lancer un crowd-funding sur les réseaux sociaux, afin de produire un album collaboratif avec d’autres artistes de couleurs, genres et obédiences diverses, afin d’en reverser les bénéfices à des organisations luttant pour la justice et l’équité raciale. La réponse dépassa ses espérances, puisqu’en moins de 24 heures, les dons affluèrent en masse, ainsi que les propositions de coopération artistique. En treize titres (et presque autant d’invités), cette rondelle forcément à part dans sa discographie réunit autant de musiciens universellement connus que de célébrités locales. Au rang des premiers, on distinguera sans hésiter la grande Trudy Lynn (sur le mambo cubain “Your Kind Of  Fool”), ainsi que le tutélaire Johnny Rawls, de même que Dawn Tyler Watson, Annika Chambers et Joe Louis Walker. Seule plage exécutée en solo, la déchirante ballade au piano “The Spark” illustre s’il en était besoin quel bouleversant interprète demeure ce diable de Keller. Flambeaux de résistance, d’espoir et de résilience des voix mêlées d’une Amérique blessée par un mandat présidentiel souillé par la division, l’arrogance et la cupidité effrénées, nombre des plages de ce disque n’auraient déparé ni le répertoire de Tracy Chapman (“Make It To Tomorrow”), ni celui des Holmes Brothers (“Land Of The Lonely”) ou des Staples Singers (“Precious Lord”). Soutenir une si noble cause pourrait suffire à justifier l’acquisition ce disque séance tenante, mais le simple fait qu’il s’agisse d’un formidable album choral de soul-blues intemporel vous en convaincra tout autant.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, December 21st 2020

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DAVE KELLER – You Get What You Give – Duets : à commander sur le Bandcamp de Dave Keller, ICI

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