Dave Fields-All WoundUp

Blindraccoon, FMI records
Blues

Avec son second opus, ‘Time’s A Wastin’, sorti après deux années de silence, Dave Fields avait frappé un grand coup, comme si le recul lui avait apporté sérénité et créativité. A nouveau deux ans plus tard, le voici qui  nous propose un nouvel album, ‘All Wound Up’, une succession de 12 titres, tous signés ou cosignés Dave Fields. On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, pourrait-on penser, mais, car il y a un mais, à force de vouloir balayer trop large dans le spectre du blues, on prend des risques, et notamment celui de faire un grand écart, et s’il y a manque de souplesse, vous risquez d’y rester coincé, dans votre grand écart,… c’est malheureusement ce que notre Dave Fields me donne comme impression après l’écoute de ces 12 titres.

Sûrs que pris un par un, ou par paquets de deux ou trois, on n’a rien à reprocher à ces 12 compos. Prenons par exemple ce ‘Train To My Heart’ qui ouvre l’opus: c’est lancé pleine vitesse à grandes envolées de six cordes à faire rougir (mais ils ne le peuvent plus, hélas..) les SRV et Jeff Healey. La rythmique est carrée, bétonnée et le tout vous roule dessus façon gros cube américain lancé à pleine vitesse. Comme je vous le disais, pris seul, ce ‘Train To My Heart’ a de quoi vous scotcher à votre fauteuil, et un scotch à la main, en bonus. Les deux titres suivants, ‘Ain’t No Crime’ et ‘All Wound Up’, sont d’un style moins perforant mais vitaminé aux cuivres, et cela vous fait dire que ben oui, le mec ne sait pas qu’envoyer de fulgurants soli à la six cordes.

Avec ‘Let’s Have A Ball’ on revient aux fondamentaux du blues, et sans superflu, sans ce grain de folie et ces arrangements fignolés que l’on retrouve ensuite dans ‘Still Itchin’’. Et puis, gravé là, au milieu de la galette argentée, oui, ‘le’ blues lent, l’incontournable, signé Dave Fields, et dans lequel le guitariste laisse vibrer sa gratte comme une femme en plein orgasme. Sur l’opus précédent c’était ‘You Don’t Know’, un slow assassin de plus de six minutes, tandis qu’ici le beau gosse vous l’envoie avec ‘Cold Wind Blowin’’, et sincèrement, ça déménage, surtout quand le Dave se met au piano.

Après,…après ce magistral morceau vous avez droit à du Jump, à une ballade, à du blues plus funky que bluesy, avant que la vérité ne rattrape le Dave avec une superbe ‘Blue Ballad’ et un prémonitoire ‘Guide Me To The Light’ (Guide moi vers la lumière). Et ce n’est pas moi qui le dit.

J’en connais qui ne vont guère apprécier mon analyse, mais bon, t’y est aussi un peu pour quelque chose, Dave, non? Et puis, fallait peut être pas attendre encore deux ans. Ce n’est pas de ma faute, je n’aime pas les habitudes et tout ce qui est répétitif. Voilà pourquoi j’aime, j’adore ‘Cold Wind Blowin’’, parce que dans ce titre, oui, y’a ce grain de folie qui fait qu’un titre est magique, ou quelconque.

Frankie Bluesy Pfeiffer
Blues Magazine & Paris-Move
Dave Fields